Des failles dans le remboursement du test HPV

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Publié le 31/01/2019
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Crédit photo : PHANIE

La Société de colposcopie (SFCPCV) lance un coup de gueule au sujet du remboursement du test HPV. Dans ses recommandations sur la prise en charge d'une cytologie cervico-utérine anormale, publiées en 2016 en vue du lancement de dépistage organisé (DO), l'Institut du cancer (INCa) avait défini des indications au test HPV. 

« En deux ans, le remboursement du test HPV ne correspond toujours pas aux recommandations, déplore le Dr Bernard Huynh de la Société de colposcopie (SFCPCV). Ce n'est pas rationnel. La nomenclature doit suivre la science, surtout en contexte de DO ». 

Lésions de l'endocol

Le principal problème concerne les lésions de l'endocol (AGC). « Le test HPV est aujourd'hui remboursé pour les lésions de l'exocol (ASCUS, ASCH), explique Bernard Huynh. Les lésions AGC sont beaucoup moins fréquentes mais le test HPV est très utile dans cette indication. Il permet de faire le tri entre les femmes qu'il va falloir davantage explorer voire opérer et celles que l'on peut rassurer ». 

Ces failles dans le remboursement pénalisent les femmes ayant des ressources financières limitées, sans mutuelle ou ayant la CMU, c'est-à-dire une population de femmes connues pour être plus à risque de cancer du col.  

Au-delà du dépistage à proprement parlé, le test HPV n'est pas remboursé dans le carde de la surveillance, qu'il s'agisse de la surveillance des lésions (par exemple surveillance à 12 mois des lésions de bas grade LSIL après colposcopie normale) ou dans la surveillance post-opératoire. « Son remboursement est lui-aussi plus que souhaitable, estime Bernard Huynh. La surveillance des lésions par le test HPV est inscrite dans le texte de l'INCa, et la surveillance postopératoire va faire l'objet de recommandations spécifiques ».

Ces retards ont de quoi surprendre alors qu'il est question de basculer vers le test HPV à la place du frottis en phase liquide d'ici un horizon de 3 à 5 ans. L'INCa, qui a conclu en 2016 à l'efficience du test HPV en dépistage primaire tous les 5 à 10 ans chez les femmes de plus de 35 ans, a décidé de ne pas l'introduire immédiatement, considérant qu'il fallait s'assurer auparavant de la solidité du cadre du DO. De plus, outre l'INCa, la place du test HPV dans le dépistage primaire est également soumise à l'évaluation de la Haute Autorité de santé (HAS), dont l'avis ne devrait pas tarder (rendu prévu initialement au 4e trimestre 2018 dans la feuille de route).  

Quant au double immunomarquage p16/ki67, son remboursement ne pose pas de problème, il est inscrit dans la nomenclature sans indication restrictive.

 

Dr Irène Drogou

Source : Le Quotidien du médecin: 9720