Si on trouve une abondante littérature soit sur la psychothérapie soit sur les traitements pharmacologiques dans les PTSD (post-traumatic stress disorder), elle reste encore pauvre sur la psychothérapie chimiofacilitée. L’idée s’est pourtant imposée dans la psychiatrie française – adossée à la neurobiologie du traumatisme – que la pharmacologie était indispensable, au même titre que la psychothérapie.
Différents traitements médicamenteux agissent sur une ou plusieurs des quatre phases de l’élaboration de la mémoire traumatique dans le PTSD (acquisition, consolidation, reconsolidation et extinction). On parle d’agents améliorant les capacités cognitives (cognitive enhancers) qui, en association avec des thérapies cognitivocomportementales (TCC), améliorent le processus biologique impliqué dans les mécanismes de l’extinction mnésique ; de perturbateurs de la mémoire (memory disrupters), qui inhibent la reconsolidation mnésique ; et enfin de facilitateurs de la thérapie (therapy facilitors) qui vont permettre de rassurer et apaiser les patients lors des psychothérapies.
Bloquer la reconsolidation et favoriser l’extinction de la mémoire
Parmi les cognitive enhancers, la cyclosérine, la yohimbine, le bleu de méthylène et surtout les glucocorticoïdes, qui sont maintenant considérés comme le traitement de référence pour consolider l’extinction, favoriser la potentialisation de la mémoire avec de plus un effet adrénergique direct. Ils ont fait l’objet d’une trentaine d’études et sont mentionnés dans les recommandations du Nice anglais et de l’International society for traumatic stress studies (ISTSS).
Les memory disrupterssont efficaces dans le blocage de reconsolidation. Le propanolol a fait l’objet d’une littérature abondante, relativement consensuelle malgré deux études négatives. Les militaires utilisent, dans une intentionnalité de prévention primo-secondaire, une trousse à administrer à des soldats après exposition à un combat (ou autre traumatisme), avec essentiellement le propanolol, les corticoïdes et la morphine qui est un excellent neuroprotecteur. « Le propanolol bloque la reconsolidation mnésique et efface partiellement la mémoire traumatique grâce à la combinaison reconsolidation/extinction ; il favorise l’extinction et augmente l’efficacité des thérapies d’exposition en inhibant les mécanismes du conditionnement. Mais ce, à condition d’être utilisé très précocement après le traumatisme : dans les 1 à 4 semaines voire 3 mois. C’est un véritable enjeu car ensuite il est moins efficace », explique le Dr Francois Ducrocq, Cump/Samu 59, Centre national de ressources et de résilience* (CN2R), CHRU de Lille.
Parmi les autres memory disrupters, la mifétristone (RU 486), antagoniste de la progestérone et du cortisol qui bloque la reconsolidation, et la rapamycine, une sérotonine et tyrosine kinase impliquée dans la plasticité neuronale. La kétamine, les antidépresseurs on les benzodiazépines sont quasi formellement contre-indiqués.
Pour finir, les therapy facilitators comme la MDMA (méthylène-dioxyméthamphétamine) ou l’ocytocine favorisent le travail psychothérapique, en diminuant la peur et l’anxiété.
Entretien avec le Dr François Ducrocq (Lille) * Le CN2R, dont le Pr Guillaume Vaiva est le responsable scientifique, est un groupement d’intérêt public (GIP) créé afin de développer la recherche et l’enseignement sur le psychotraumatisme. Avec l’AP-HP, il va coordonner les 10 centres régionaux
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