La loi Evin, l'arme qui a pourfendu le tabac

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Publié le 19/02/2021
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À la naissance du « Quotidien du Médecin », la fabrication et la vente de tabac étaient monopole d'État, et on était encore bien loin d'une politique de santé publique de lutte contre le tabac et l'alcool. Cinq ans plus tard, en 1976, la loi Veil introduit la première réglementation de la publicité des produits du tabac digne de ce nom. Mais le tournant majeur s'engage en 1991 avec la loi Evin inspirée du rapport des « cinq sages » (Albert Hirsch, Claude Got, Maurice Tubiana, Gérard Dubois et François Grémy).

Parce qu'elle interdit la publicité du tabac sur tous les supports et encadre celle pour l'alcool, cette loi n'est pas populaire auprès de la presse. Parce qu’elle pose les bases d'une augmentation du prix du tabac, elle s'attire la colère d'une partie des Français. Mais elle va poser les bases d'une réduction spectaculaire de la consommation de cigarettes vingt ans plus tard.

C'est en effet à partir des années 2000 que les mesures les plus efficaces ont été mises en place − interdiction de fumer dans les bars et restaurants, passage du prix du paquet de 3,2 à 10 euros et paquet neutre − qui ont abouti à une baisse de près de la moitié de la quantité de tabac vendue en France chaque année.

Il reste à reproduire l'exploit avec l'alcool, protégé en France pour des raisons aussi culturelles qu'économiques. Bien que la consommation d'alcool se tasse en France, on assiste à un détricotage progressif de la loi Evin dans ce domaine : autorisation de la publicité en dehors des zones de production en 1994, références aux appellations d'origine contrôlée, publicité sur internet en 2009, autorisation des publireportages en 2015…


Source : Le Quotidien du médecin