En appeler à la responsabilisation des citoyens pour renforcer la prévention à l'égard du Covid - autrement dit miser sur une forme « d'empowerment » : tel est le message du Comité de veille et d'anticipation des risques sanitaires (Covars), dans son premier avis rendu public ce 24 octobre.
Présidé par la Pr Brigitte Autran, immunologiste, ce comité d'une vingtaine de personnes, qui prend la succession du Conseil scientifique, était chargé par le gouvernement de se prononcer sur l'épidémiologie actuelle du virus et sur une éventuelle « normalisation » de la gestion de la maladie.
Incertitudes sur la dynamique épidémique
Si le Covars constate que le rebond pandémique en métropole (comme en Europe), porté par le sous-variant BA.5. d'Omicron, reste d'intensité modérée, il attire l'attention sur les incertitudes liées à la croissance rapide du sous-lignage BQ.1.1 (lié à BA.5) et dans une moindre mesure, BA.2.75.2 lié à BA.2. Le premier représentait 15 % des virus détectés en métropole mi-septembre, voire 50 % en Île-de-France, avec un niveau d'échappement immunitaire incertain. « Si cette tendance devait se confirmer (et si le variant émergent devient dominant), elle pourrait remettre en question la dynamique apparemment amorcée de plateau/décroissance de la vague », lit-on. Mais si rebond il y a, « il ne sera visible que dans une ou deux semaines », a commenté le virologue Bruno Lina, membre du Covars. Selon l'European Centre for Disease Prevention and Control, ce nouveau sous-lignage pourrait être prédominant d'ici à mi-novembre, début décembre.
En outre, « l'appréciation du risque infectieux ne doit pas se limiter à l'épidémie de Covid, mais doit prendre en considération l'ensemble des maladies infectieuses hivernales pouvant impacter notre système de santé », lit-on. Et le Covars d'alerter sur la fragilité de l'hôpital, en rappelant que l'absentéisme hospitalier durant l'hiver 2021/22 oscillait déjà entre 11 et 16 %.
Relancer la prévention, malgré la fatigue pandémique
Sous le poids de la fatigue pandémique, l'adhésion aux gestes barrières s'érode. En septembre 2022, seulement 40 % des Français déclarent aérer régulièrement les pièces (versus 43 % en mai), 42 %, se laver les mains régulièrement (versus 52 %), 16 %, porter un masque en public (versus 34 %). Ils sont plus de 60 % à ne pas le porter dans les transports en commun (versus 23 % en mai). Et seulement une personne à risque sur deux se dit prête à recevoir un vaccin contre la grippe et un rappel contre le Covid. L'adhésion des parents à la vaccination des 5-11 ans est stable autour de 6 %, tout comme la proportion de non-vaccinés (13 %).
Malgré ce contexte social, et malgré l'altération persistante de la santé mentale des Français, le Covars prône le renforcement de la prévention, qui doit se traduire notamment par la vaccination, le port du masque et l'aération. Autant de gestes qui reposent en partie sur la responsabilité des citoyens et le Covars appelle à responsabiliser les populations à vacciner et les personnes non ou mal vaccinés, en insistant sur les messages altruistes et le civisme à l'égard des vulnérables. « Nous ne sommes plus pour la généralisation du masque mais pour un port responsable ; il faut par ailleurs accélérer la campagne de vaccination avec le 3e rappel pour les plus fragiles », a souligné Brigitte Autran.
À l’égard des pouvoirs publics, le comité demande à amplifier la campagne de vaccination et d'information, rappelant que le port du masque devrait être plus systématique dans les transports et les lieux clos et mal aérés. Outre la ventilation des locaux maintes fois réclamée, il plaide pour la généralisation des capteurs de CO2, en milieu scolaire notamment.
Il recommande encore de promouvoir le dépistage sous toutes ses formes (tests antigéniques, autotests, tests PCR qui doivent rester d'accès simple), de consolider la surveillance des eaux usées, et en matière de traitement, d'amplifier l'usage du Paxlovid, qui garde son activité sur les variants actuels du Sars-CoV-2. Enfin, le Covars estime « nécessaire une intervention politique de haut niveau, à l'échelle française et européenne, pour élargir les options thérapeutiques », et notamment rendre accessible le bebtelovimab, du laboratoire Eli Lilly, autorisé aux États-Unis, mais non en Europe.
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