Les résultats d’un travail français

Un vaccin VIH muqueux prometteur en phase I

Publié le 16/12/2011
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Crédit photo : BSIP

L’ESSAI de phase I mené chez 24 femmes séronégatives a confirmé qu’un vaccin ciblant la sous-unité virale transmembranaire Gp41, et non pas la protéine d’enveloppe Gp120, entraîne une réponse forte en IgG et IgA sériques et muqueuses, capable de bloquer l’entrée du VIH dans les cellules vaginales.

« Ces Ac spécifiques anti-lipopeptide P1 ne sont pas des Ac neutralisants, mais des Ac capables de bloquer la transcytose, c’est-à-dire l’entrée du virus dans les cellules muqueuses », précise le Dr Morgane Bomsel. « Ce sont les Ig muqueuses qui retiennent en priorité notre attention, au vu des données d’efficacité chez l’animal. Il n’est pas exclu, néanmoins, que les Ig sériques jouent un rôle protecteur dans l’immunité antivirale. »

Réponse immune très puissante.

Rien n’aurait pu avoir lieu sans le financement de Mymetics en partenariat avec Pevlon.

Les participantes ont été randomisées en deux bras en fonction de la posologie administrée, l’un à 10 µg/dose, le second à 50 µg/dose. Dans chaque bras, huit femmes recevaient le vaccin MYM-V101 et quatre autres un placebo. Deux doses étaient administrées en intramusculaire (semaine 0 et 8) et deux doses en intranasal (semaines 16 et 24). Une réponse en IgE sériques et muqueuses ainsi qu’en IgA sériques était présente quelle que soit la dose utilisée. En ce qui concerne les IgA muqueuses, près de 75 % des participantes ont présenté une réponse très forte dans le groupe à 50 µg, près de 40 % dans le groupe à 10 µg. « La voie I.-M. est insuffisante pour induire une immunité muqueuse », signale le Dr Morgane Bomsel. « Peut-on imaginer se passer de la voie I.-M. pour la seule intranasale ? La question reste en suspens. Une chose est sûre, cette voie d’administration n’est pas en cause dans les cas de paralysie faciale rapportés dans d’autres essais. Il semble que l’agent responsable soit l’adjuvant utilisé alors. Dans notre étude, le vaccin ne contient pas d’adjuvant et le virosome utilisé est bien connu, puisque c’est celui contenu dans le vaccin antihépatite A. » Si l’étape est marquante, il en reste encore beaucoup d’autres à franchir.

Préciser la durée de la mémoire vaccinale en est une. Et puis, faut-il faire un retour par la case préclinique et améliorer la composition du virosome ? Ou passer directement à l’essai de phase II ? s’interroge la scientifique.

En attendant, l’équipe du Dr Bomsel étudie l’efficacité du vaccin chez l’homme en poursuivant ses travaux sur l’immunité muqueuse au niveau du prépuce, de l’urètre et du rectum.

* Directrice de recherche au CNRS, Institut Cochin, université Paris-Descartes, CNRS UMR 8104 et INSERM U 1016.

CHRISTINE FALLET

Source : Le Quotidien du Médecin: 9060