Les deux tiers des médecins de notre enquête ont été amenés à prendre en charge des patients Covid +. Et sans surprise, la quasi-totalité de ceux-ci (96 %) estiment qu'il a fallu adapter sa façon de travailler en conséquence. Notre enquête a voulu creuser avec eux la question de la relation aux personnes infectées. Face à ce type de cas, seuls 28 % des médecins ont été confrontés au refus de s'isoler d'un patient : et encore, dans la moitié de ces situations, le praticien est finalement venu à bout de cette réticence initiale. Une fois la prescription de quarantaine posée, globalement, 8 médecins sur 10 n'ont eu, « pas du tout » (30 %) ou « plutôt pas » (48 %) de difficultés à faire respecter un isolement strict à un patient contaminé. Et de ce point de vue, les messages des autorités ont bien aidé les soignants à faire admettre leurs prescriptions de quarantaine : les deux tiers des médecins concernés l'ont en tout cas ressenti comme tel.
La fin du confinement a sans doute été plus difficile à gérer pour les médecins. Pas moins de 70 % d'entre eux ont relevé à cette occasion des pertes de chance chez certains patients, du fait d'un défaut de suivi pendant le confinement. Sans compter qu'avec les patients fragiles, il a fallu redoubler de pédagogie pour qu'ils restent confinés malgré tout : dans la profession, une petite majorité (43 %) est de cet avis, contre 39 % qui n'ont pas eu ce problème. Le contenu du colloque singulier semble aussi avoir évolué depuis le 11 mai : les deux tiers des sondés disent avoir observé davantage de problèmes psychologiques liés au confinement chez les personnes rencontrées.
Reste le contact tracing post-confinement sur lequel les médecins, de ville notamment, devaient se trouver en première ligne. Cette dynamique a été l'objet de controverses assez vives. Elle semble plutôt avoir été bien admise par la plupart des praticiens : même si six médecins sur dix concernés par ce process le jugent chronophage et admettent quelques scrupules sur la levée du secret médical. Pour le reste, les systèmes mis en place ne recueillent pas l'assentiment général. C'est le moins qu'on puisse dire : seul un petit quart jugent les applications Sidep et Contact-Covid adaptées à leurs besoins…
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