Alors que la polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie très hétérogène, une étude de cohorte turque a cherché à évaluer les différences dans les caractéristiques démographiques, les comorbidités et les choix de traitement selon l’âge d’apparition de la maladie. Les auteurs ont utilisé les données enregistrées dans le système E-Pulse entre janvier 2016 et décembre 2022 (1). E-Pulse héberge les dossiers cliniques de plus de 80 millions de personnes en Turquie depuis 2016.
Des comorbidités différentes
Au total, 347 902 patients atteints de PR, d’âge médian 56 ans (79,5 % de femmes), ont été identifiés. L’âge était similaire dans les deux sexes. Les personnes âgées de plus de 65 ans (âge médian 71 ans) au moment de la première mention du diagnostic dans la base de données ont été regroupées sous la bannière PR à début tardif et celles âgées de moins de 65 ans (âge médian 51 ans) dans le groupe PR à début précoce. Un peu plus d’un quart (26,1 %) avaient plus de 65 ans lorsqu’ils ont été enregistrés pour la première fois dans le système E-Pulse.
Les résultats montrent que les maladies auto-immunes associées sont moins fréquentes chez les personnes âgées que chez les personnes d’âge inférieur à 65 ans : Sjögren 3,9 % vs 5,8 %, lupus 1 % vs 3,6 %, sclérodermie systémique 0,9 % vs 1,3 %. Les autres comorbidités, comme prévu, étaient plus fréquentes chez les plus âgés : cancer 8,2 % vs 4,3 %, diabète 23,4 % vs 14,2 %, HTA 83,3 % vs 45,6 %, hyperlipidémie 23,8 % vs 12,5 %, thrombose (veineuse ou artérielle) 4,4 % vs 2,4 %, BPCO 14,6 % vs 4,3 %, insuffisance rénale chronique 6,1 % vs 2,1 %, prothèse totale de genou 7,3 % vs 3,3 %.
Moins de biothérapies après 65 ans
En ce qui concerne le choix du traitement en fonction de l’âge, parmi les traitements conventionnels (csDMARDs), trois médicaments étaient moins privilégiés dans le groupe des PR à début tardif : le méthotrexate, prescrit à 50,1 % des patients > 65 ans vs 58 % chez les moins de 65 ans ; la sulfasalazine (28,3 % vs 32,6 %) et l’hydroxychloroquine (56,9 % vs 64,6 %). En revanche, le léflunomide (37,7 % vs 32 %) a été utilisé un peu plus fréquemment. La prescription des traitements biologiques (bDMARDs) était significativement moindre chez les plus de 65 ans. L’abatacept et le rituximab ont été préférés aux autres bDMARDs chez ces patients , ce qui peut être lié au profil de sécurité ou à la facilité d’administration.
(1) Küçuksahin O et al. AB0641
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