Rappelons que la notion d’arthrose en tant que maladie métabolique, a commencé à voir le jour en 2007. Une étude démontrait alors l’association significative de l’arthrose digitale et de l’obésité (1), l’arthrose ne pouvant dans cette localisation être imputée aux phénomènes mécaniques liés au surpoids. Par la suite, de plus en plus d’études ont été publiées sur l’association de l’arthrose avec le diabète, le syndrome métabolique, les maladies cardiovasculaires… Puis une étude de 2011 a montré que les sujets présentant une coxarthrose ou une gonarthrose avaient un risque de mortalité plus élevé que la population générale (2).
«Toutes ces études concernaient des arthroses périphériques, rien n’avait été publié sur l’arthrose rachidienne, bien que cette dernière soit la première localisation arthrosique et que ses caractéristiques soient bien différentes de celles de l’arthrose périphérique, souligne la Dr Charline Estublier. Nous avons donc repris les dossiers de la cohorte MINOS constituée d’hommes âgés de 51 à 85 ans avec un suivi de 10 ans pour lesquels nous possédions des données cliniques, biologiques et radiologiques sur plus de 750 dossiers (3) ».
L’étude a amené deux constats. Le premier est que plus le score global de sévérité de l’arthrose est élevé, plus la mortalité globale est importante. « Ce qui traduit que l’arthrose rachidienne n’est pas seulement une pathologie bénigne du vieillissement mais bien un réel marqueur de fragilité », précise Charline Estublier. Seconde indication : la sévérité du pincement discal est associée de façon indépendante à la sévérité des calcifications de l’aorte abdominale et l’ostéophytose est associée de la même façon à un risque accru de progression de ces dernières, évaluées de manière prospective. L’arthrose rachidienne est donc en relation étroite avec l’athérosclérose.
« Cette étude, insiste C. Estublier, conforte ce que d’autres publications suggéraient, à savoir qu’il n’existe pas une arthrose mais des arthroses et différentes présentations phénotypiques où l’arthrose métabolique tient une place prépondérante. On peut imaginer que l’inflammation systémique de bas grade a sa part de responsabilité dans la survenue et le développement de l’arthrose et qu’il ne s’agit pas seulement de vieillissement et d’usure. Ainsi, afin de prévenir et de réduire l’arthrose rachidienne et donc la mortalité, une cible simple pourrait être le contrôle des facteurs de risque cardiovasculaires et des habitudes de vie ».
D’après un entretien avec la Dr Charline Estublier, hôpital Édouard Herriot, Lyon
(1) Dahaghin S et al. Ann Rheum Dis 2007;66:916-20
(2) Nuesch E et al. BMJ. 2011 BMJ 2011;342:d1165.
(3) Estublier C, Chapurlat R, Szulc P. L’arthrose rachidienne est associée à une mortalité plus élevée chez l’homme âgé : étude MINOS
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