Les intervenants ont rappelé les besoins importants en biomarqueurs aux différents stades de l’arthrose et ont fait état des recherches actuelles.
« Ce qui me paraît très intéressant, indique le Pr François Rannou, c’est la façon dont ils ont débobiné le fil de l’histoire de la maladie arthrosique -comme cela a été fait dans l’athérosclérose- pour préciser étape par étape le cahier des charges du ou des biomarqueurs qui seraient utiles pour tenter d’objectiver la maladie et ou son évolution. Ils ont ainsi chronologiquement identifié trois stades d’arthrose : l’arthrose moléculaire, préradiographique, puis radiographique (jusqu’au stade ultime de la maladie arthrosique que constitue le remplacement articulaire). L’idéal étant d’arriver à disposer de biomarqueurs à chaque stade de ce cheminement ».
À la période moléculaire, l’arthrose est cliniquement indétectable. « On aimerait à ce stade pouvoir la détecter par un biomarqueur capable de refléter le changement de composition du tissu articulaire et notamment du cartilage », souligne le Pr François Rannou.
À la période préradiographique, l’arthrose est cliniquement peu ou pas détectable. L’IRM, l’échographie et le scanner osseux pourraient permettre de la dépister en identifiant des changements structuraux dans l’os, le cartilage et/ou les tissus mous de l’articulation (notamment les ligaments).
Au stade radiographique, lorsque les changements structuraux peuvent être décelés par la radiographie, l’arthrose est le plus souvent cliniquement détectable par une faillite articulaire. C’est un stade tardif de la maladie. Quant au stade de pose de prothèse, il signe la mort de l’articulation et, de fait, la fin de la maladie.
Pas de parallélisme entre douleur et progression structurale
Dans la cohorte NIH qui suit des patients arthrosiques et une population susceptible d’avoir de l’arthrose, 4 phénotypes de patients ont été identifiés et étudiés. Michael Nevitt, un dirigeant du consortium, a précisé ces phénotypes définis par l’existence ou non d’une progression sur la radio et/ou sur la douleur (progresseur sur les douleurs et sur la radio ; progresseur uniquement sur la radio, progresseur uniquement sur la douleur ; non progresseur, ni sur la radio, ni sur les douleurs).
Le consortium a ainsi pu démontrer d’une part, la concordance entre la progression radiologique et la diminution d’épaisseur du cartilage à l’IRM, d’autre part, l’absence de progression IRM et radio chez les non progresseurs. « Enfin il a été démontré qu’il n’y a pas de parallélisme entre l’existence ou non d’une progression des douleurs et la progression structurale. Progresser (ou non) sur la douleur, est indépendant de l’évolution structurale de l’épaisseur du cartilage à la radiographie et à l’IRM. Cette notion nouvelle est très importante mais aussi bien ennuyeuse, souligne le Pr François Rannou. En effet, dans les études thérapeutiques, les patients sont actuellement inclus sur la notion de douleur. À l’avenir rappellons-nous que pour apprécier la progression structurale il conviendrait de ne retenir que l’imagerie radiographique et l’IRM qui sont des biomarqueurs structuraux morphologiques ».
Quant aux biomarqueurs biologiques, sur les 12 étudiés et testés dans la cohorte NIH, la plupart sériques, certains urinaires, et qui témoignent de la dégradation du collagène (de type I ou de type II), de la résorption osseuse ou du remodelage des aggrécanes, « au moins 4 biomarqueurs ont été sélectionnés comme pouvant être d’intérêt à l’échelon individuel », précise le Pr François Rannou.
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