Dès 1818, Johann Christian August Heinroth notait : « la privation de sommeil… un remède qui semble cruel, mais qui a un effet bénéfique. Les malades sont réveillés de temps en temps quand ils cèdent au sommeil. » La privation de sommeil, aujourd’hui dénommée « thérapie d’éveil » est réputée depuis longtemps déjà pour être un antidépresseur à action rapide. Elle est utilisée en Suisse, en Allemagne et aux États-Unis, mais peu en France.
Une méta-analyse des effets antidépresseurs de la privation de sommeil a été faite par E.M. Boland en 2017 : 66 études ont été répertoriées. Dans 9 études contrôlées randomisées, 45 % des patients dépressifs ressentaient une amélioration rapide et, dans les autres séries, 50 % des patients étaient améliorés.
La réponse à la privation de sommeil n’était pas affectée par le type de privation de sommeil effectuée (totale ou partielle), le statut médicamenteux ou encore l’âge et le sexe.
« Même si environ 60 % des patients dépressifs ressentent une amélioration dès le jour suivant, après 24 heures de privation de sommeil, la majorité d’entre eux rechutent après quelques jours, a expliqué la Pr Anna Wirz-Justice (Bâle, Suisse). Ainsi, pour maintenir les bénéfices, on ajoute la luminothérapie, initialement développée pour le traitement des patients atteints de dépression saisonnière, hivernale. »
Aujourd’hui, différentes associations chronothérapeutiques peuvent être utilisées de manière flexible selon les réponses des patients : une thérapie d’éveil (de 1 à 3 nuits), une avance de phase 3 nuits, une luminothérapie, par exemple. Un traitement intensif de seulement quelques jours induit une réponse rapide qui dure des semaines et même des mois.
Communication de la Pr Anna Wirz-Justice (Bâle, Suisse)
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