LES PATIENTS atteints de BPCO sont fréquemment atteints d’autres maladies chroniques telles que les maladies cardio-vasculaires, le cancer, l’ostéoporose, la dépression ou la dénutrition… Ces pathologies associées ont un impact important sur la morbidité et la mortalité des patients. Dans l’étude française EABPCO (Piquet et coll.) qui s’intéressait aux patients hospitalisés pour une exacerbation de BPCO dans les hôpitaux généraux, 35 % des patients avaient une hypertension artérielle, 19 % une coronaropathie, 13 % une insuffisance cardiaque et 7 % un syndrome d’apnée du sommeil. Environ 20 % des patients étaient dénutris (IMC< 20 kg/m²) et 18 % étaient obèses (IMC› 30 kg/m²).
Une nouvelle étude présentée au congrès (1) vient de confirmer que les patients atteints de BPCO et dénutris ont un risque de mortalité plus élevé. Elle montre également l’association avec les maladies cardio-vasculaires. Au total, 552 patients âgés de 34 à 75 ans ont été inclus dans l’étude, 43 % d’hommes (moyenne d’âge 65 ans) et 57 % de femmes (moyenne d’âge 62 ans). Parmi eux, 27 % étaient des fumeurs. Au bout des cinq années de suivi, 120 sujets (22 %) étaient décédés. La mortalité était significativement plus élevée chez les patients ayant une pathologie cardiaque ischémique ou une insuffisance cardiaque, avec un risque relatif de 1,91 (IC 95 %, 1,30-2,80) et chez les hypertendus, avec un risque relatif de 1,83 (IC 95 %, 1,22-2,75). Les patients dénutris avaient un risque 1,7 fois plus élevé de décéder que les patients de poids normal. Ces résultats étaient obtenus après ajustement en fonction de l’âge, du sexe, de la fonction pulmonaire et du tabagisme. Aucune différence significative de mortalité n’a été observée pour les patients souffrant de dépression ou diabétiques. « Lorsque les patients BPCO sont âgés, il y a de fortes probabilités pour qu’ils souffrent également d’une autre pathologie. Il est important que les praticiens reconnaissent les autres symptômes en dehors de leur spécialité pour s’assurer que les patients reçoivent le traitement nécessaire », note le Dr Bjorn Stallberg (Université d’Uppsala, Suède), auteur principal de l’étude.
Place des bétabloquants.
Les bétabloquants n’ont pas d’AMM en France dans la BPCO et ils ne sont pas utilisés chez les patients porteurs à la fois d’une BPCO et d’une maladie cardio-vasculaire, par crainte des effets secondaires (risque de déclencher ou d’aggraver un bronchospasme latent). En pratique, il ne faudrait pas les contre-indiquer systématiquement. Des études ont montré que les bétabloquants cardiosélectifs pouvaient être utilisés sans risque dans les BPCO légères à modérées, même chez les sujets âgés. Une nouvelle étude (2) vient de le confirmer. Elle a été menée chez 43 patients âgés de 63 ± 8 ans avec une fraction d’éjection de 29, 2 ± 6 %. 60 % d’entre eux avaient une maladie cardiaque ischémique. Ils ont reçu des bétabloquants à faible dose, progressivement augmentée en fonction de la tolérance. Aucun épisode aigu d’insuffisance respiratoire n’a été notifié pendant les 11 ± 3 mois de suivi. Selon les critères NYHA, l’état fonctionnel des patients était significativement amélioré après l’utilisation des bétabloquants.
(1) D’après une conférence de presse organisée par le congrès. Abstract n°2961.
(2) communication de Teresa Gil (Espagne) n° 324.
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