Les Assises de la pédiatrie et de la santé de l’enfant ont été lancées il y a plus d’un an, dans le sillage de la crise de l’hiver 2022-2023, alors qu’une triple épidémie touchait l’hôpital (grippe, Covid-19, bronchiolite). Les urgences pédiatriques étaient saturées et des nourrissons ont été transférés à plusieurs dizaines de kilomètres de leur domicile.
« L’épouvantable épidémie 2022-2023 a été l’élément révélateur de l’ampleur de la crise de la pédiatrie. C’est tout le système de soins qui dysfonctionne. Notre demande, c’est de faire une restructuration totale du système de santé des enfants », rappelle la Pr Christèle Gras-Le Guen, présidente de la Société française de pédiatrie.
« C’est tout le système qui dysfonctionne »
Pr Christèle Gras-Le Guen
Des Assises au point mort
Le travail préparatoire des Assises s’est achevé depuis plusieurs mois déjà. Il s’agit d’une réflexion sur la prise en charge globale des enfants, de la période périnatale jusqu’à leur majorité (PMI, santé scolaire…).
L’un des premiers constats est la pénurie de professionnels de santé de l’enfant, à laquelle s’ajoute un manque de formation. L’amélioration de la santé mentale des enfants, et de l’accès aux soins pour ceux qui sont en situation de handicap, est aussi une priorité. Enfin, la recherche et les connaissances sur les pratiques en santé de l’enfant nécessitent d’être développées. Après ces assises, des annonces du ministère de la Santé étaient attendues avant fin janvier 2024. « Mais le remaniement a tout remis à une date ultérieure », déplore la pédiatre.
Désengorger les urgences
Les travaux des Assises de la santé de l’enfant ont insisté sur la vocation des services d’urgences, qui doivent redevenir le lieu dédié aux véritables urgences, avec un parcours de soins plus lisible pour les parents.
L’application mobile des urgences pédiatriques des Hôpitaux universitaires de Genève, InfoKids, a été présentée lors des Rencontres. « Lancée en 2017, cette application propose un accompagnement à chaque étape du processus d’urgence », explique la Pr Gras-Le Guen. Elle apporte des conseils sur l’attitude à adopter face aux symptômes présentés par l’enfant, et permet d’annoncer au personnel soignant l’arrivée de l’enfant, dont les symptômes et l’état de santé se trouvent ainsi renseignés. Elle indique aussi, en temps réel, l’affluence en salle d’attente. « Bien sûr, ce n’est pas une application qui va régler tous les problèmes… mais c’est un outil qui peut apporter une aide pour un parcours de soins mieux structuré et rassurer des parents qui sont en déshérence, souligne la Pr Gras- Le Guen. Je souhaiterais, si possible, que l’on puisse expérimenter un tel système à l’hôpital et qu’il fasse l’objet d’un sujet de recherche, avec la mise en place d’études contrôlées. »
Le développement de nouvelles technologies au service du mieux-être des jeunes enfants et de leurs parents, dans des moments souvent angoissants et stressants, semble intéressant dans une certaine mesure, pour gagner en qualité de prise en charge et sur la coordination des soins.
Du mieux pour la bronchiolite
Cet hiver, l’épidémie de bronchiolite est apparue sans commune mesure avec l’année précédente. « Il y a eu beaucoup moins d’hospitalisations et d’admissions en soins intensifs d’enfants de moins de 3 mois que l’hiver dernier. On a connu des saturations de services d’urgences et pédiatriques, mais de façon ponctuelle, non généralisée sur le territoire, et beaucoup moins prolongée », concède la Pr Gras-Le Guen, qui est aussi cheffe de service de pédiatrie générale et des urgences pédiatriques au CHU de Nantes. Selon elle, ces différences ont sans doute un lien avec la mise à disposition dans les maternités du nirsévimab (Beyfortus), traitement préventif de la bronchiolite à VRS. « Les parents ont adhéré de manière incroyable, à près de 85 %, alors que généralement les familles sont beaucoup plus sceptiques, comme on le voit avec la vaccination contre le rotavirus, qui touche la même population… »
Il est encore trop tôt pour mesurer précisément l’effet du Beyfortus sur l’épidémie et les hospitalisations. Toutefois, les premiers résultats paraissent positifs. « Il faut attendre la confirmation des études épidémiologiques et sur les hospitalisations », précise la pédiatre.
Session « Quelles perspectives pour désengorger les urgences ? »
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