La médecine du travail comme la médecine générale font face à des situations démographiques alarmantes.
Alors que la médecine générale draine presque la moitié des médecins en France, elle connaît aussi une fuite de ses effectifs. Comme le note le Conseil National de l’Ordre des médecins dans son Atlas de la démographie médicale : « La proportion des médecins changeant de spécialités est plus importante chez les médecins généralistes que parmi les autres groupes de spécialité. » Tous modes d'exercice confondus, le nombre de médecins généralistes s’élevait, au 1er janvier 2021, à 100 621 médecins, selon les chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DRESS). En 2014, le contingent des généralistes était de 101 904. Entre ces deux dates, on observe une baisse de 1,28 %.
Parallèlement, le nombre de médecins du travail a diminué de 16,7 %, passant de 5 689 médecins en 2014, à 4 875 en 2021, selon les chiffres de la DRESS. L’organisme représentant les services de prévention et de santé au travail Présanse révèle dans son rapport « Chiffres Clés » 2020, qu’en équivalent temps plein, les médecins du travail sont au nombre de 3 602 en 2020. Le nombre d’infirmières en santé au travail augmente de son côté, avec 2 240 équivalents temps plein en 2020, soit une augmentation de 12 % par rapport à 2019.
Le solde des effectifs de médecins entrant/sortant de l’Atlas du CNOM aide à cerner les situations des deux spécialités en pénurie. Entre 2020 et 2021, le solde de la médecine générale est déficitaire de 738 médecins, et celui de la médecine du travail de 132. Ces pertes d’effectifs s’expliquent en grande partie par les départs à la retraite et le faible renouvellement générationnel - lui-même dû au durcissement du numerus clausus des années 1985-2000 et/ou au manque d’attractivité.
S’assouplissant à nouveau, le nombre de places aux épreuves classantes nationales (ECN) augmente pour la médecine générale. En 2021, 3 280 places lui étaient consacrées et elles ont toutes été pourvues, contrairement aux années précédentes. Le nombre de ses internes a augmenté de 5,2 % par rapport à l’année dernière. La médecine du travail, elle, n’a pas réussi à pourvoir 39 postes sur les 124 qui lui étaient accordés et se trouve la dernière spécialité choisie.
Article précédent
La formation des MPC : une question clé
Débordée, la santé au travail délègue vers les généralistes
Des médecins généralistes déjà sollicités
La formation des MPC : une question clé
Pénurie contre pénurie : rappel démographique
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024
La myologie, vers une nouvelle spécialité transversale ?