La proposition du rôle de médecin praticien correspondant (MPC) vient de l’observation d’un autre dispositif : celui du contrôle médical obligatoire pour le permis de conduire professionnel. « Nous avons copié ce dispositif. Des médecins généralistes se portent volontaires à la préfecture, sont formés et vérifient les aptitudes. Pendant un temps, ils se déplaçaient dans des centres. Maintenant, ils font ces visites depuis leur cabinet », raconte le Dr Michel Chassang, généraliste et négociateur pour l’organisation patronale l’Union des entreprises de proximité lors de l’ANI (accord national interprofessionnel).
De même, pour la fonction publique, l’examen médical lors du recrutement est effectué par un médecin généraliste agréé par l’administration. Il vérifie l’aptitude générale du fonctionnaire ou vacataire à exercer un emploi public. La suite du suivi se fait par un médecin du travail. Le Dr Jean-Christophe Nogrette, conseiller national de MG France, lui-même agréé, souligne la difficulté de la tâche, n’ayant pas accès au lieu de travail. « C’est un véritable problème, auquel s’ajoutent des problématiques de confidentialité. Si on veut faire les choses bien, c’est compliqué », rapporte-t-il.
La loi française compte sur le papier trois autres cas particuliers où les médecins traitants peuvent légalement réaliser des missions de médecine du travail pour leurs patients, comme la visite d’information et de prévention. En réalité, ces exceptions légales, quoique prévues pour les apprentis, les mannequins et les salariés employés par un particulier, sont très peu utilisées. Martial Brun, directeur général de Présanse, organisme représentatif des services de prévention et de santé au travail, le confirme pour les apprentis : « Selon nos études, le nombre de médecin généraliste ayant effectué une VIP pour des apprentis s’approche de zéro. » Le Dr Bègue, généraliste à Morannes-sur-Sarthe et membre du Collège de la médecine générale, corrobore ses dires : « Dès que j’ai une demande de la part d’un apprenti, je le dirige vers un service. »
Pour les salariés employés par un ou des particuliers, le médecin ne se fait pas d’illusions : « On ne les voit pas, car beaucoup d’employeurs particuliers ne répondent pas à leurs obligations, ils ne sont tout simplement pas suivis. » Enfin, concernant les mannequins, la loi oblige les agences de mannequinat basées en Île-de-France, soit la majorité d’entre elles, à diriger leurs employés au Centre médical de la Bourse, à Paris, où exercent des médecins du travail.
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