LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN : Au sein de Mon Stade, se côtoient sportifs de haut niveau et malades chroniques. Pourquoi cette volonté de réunir des personnes ayant des objectifs aussi différents ?
Dr ROLAND KRZENTOWSKI : Lors de mon parcours professionnel, j'ai eu l'occasion de fréquenter les stades des universités américaines où j'ai été marqué par la diversité des profils qui s'y retrouvaient : des athlètes, des asthmatiques, des personnes qui boitaient… Cela a contribué à ma volonté de recréer une ambiance similaire et d'accueillir un public varié, où chacun est respectueux des efforts de l'autre. De plus, en tant que médecin fédéral des équipes de France de ski et d’athlétisme, j'ai eu la chance de travailler avec des sportifs de haut niveau. Leurs méthodes d'entraînement ne sont pas si différentes de celles que nous mettons en place pour les malades chroniques.
Sur quels paramètres biologiques l'activité physique doit-elle agir pour être bénéfique chez les malades chroniques ?
Les bénéfices de l'activité physique sont liés à sa capacité à améliorer les indicateurs de la condition physique que sont la composition corporelle (masse grasse/masse maigre), les capacités cardiorespiratoires et les capacités musculaires. Pour obtenir de réels effets, il ne suffit pas de bouger. L'activité doit modifier et améliorer ces indicateurs. L'objectif de notre programme « Sport sur ordonnance » est donc de faire progresser les patients de sorte que l'effet soit mesurable sur ces indicateurs, qui sont prédictifs d'une bonne santé.
Le tissu adipeux est un organe endocrine : il sécrète des adipokines qui vont contribuer à un état inflammatoire. Quant au muscle, il secrète au contraire des substances protectrices appelées myokines. Seule l'activité physique ne permet de rectifier un éventuel déséquilibre entre graisse et muscle, aucun autre traitement ne peut le faire.
L'activité physique est un médicament universel qui est bénéfique dans le cadre de toutes les maladies chroniques.
D'après vous, quels sont les freins à la prescription de l'activité physique par les médecins ?
Les réticences sont liées à plusieurs aspects selon moi. Premièrement, les médecins ne sont pas formés. Cette méconnaissance de l'activité physique entraîne ainsi une crainte d'engager leur responsabilité. Le risque cardiovasculaire chez les personnes les plus fragiles est notamment redouté. De plus, les médecins ne connaissent pas forcément les structures en place et l'activité physique n'est pas encore protocolisée, ce qui peut également freiner la prescription. Enfin, même si les mutuelles s'y intéressent de plus en plus, l'activité physique n'est pas prise en charge par l'Assurance maladie. J'espère qu'on y arrivera, mais pour des raisons justifiées, cela prend du temps.
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