Le recul d’un an par rapport au début de l’épidémie met en évidence différentes catégories de pathologies post-Covid : des formes de Covid avec symptômes persistants (Covid longs et syndromes post-Covid), des séquelles de la maladie proprement dite, et, enfin, des pathologies préexistantes aggravées, car n’ayant pas pu être prise en charge médicalement ou chirurgicalement durant les confinements. La prise en charge des formes de Covid longs a fait l’objet de recommandations de la HAS (février 2021) ainsi que d’un appel de l’OMS.
« Il existe une volonté des établissements thermaux de s’inscrire dans la prise en charge des patients touchés par cette épidémie : certains établissements ont commencé à travailler sur ce thème dès l’été 2020, a déclaré la Dr Nicole Vidal, du Conseil national des établissements thermaux (CNEth). Ils ont une grande expérience de prise en charge des pathologies chroniques, avec notamment les ateliers d’éducation à la santé. De plus, la cure thermale comporte trois visites médicales permettant un suivi rapproché des patients. » Le CNETh a ainsi réuni un groupe de travail pluridisciplinaire afin de déterminer le patient cible, le contenu des interventions, les modalités financières.
Les propositions du CNETh
Les centres thermaux se proposent d’accueillir des patients avec un Covid long, qu’il soit dû à un Covid-19 avec symptômes prolongés (entre 4 et 12 semaines) ou à un syndrome post-Covid (au-delà de 12 semaines, qui concernerait 10 % des patients). Les patients ne doivent pas avoir de séquelles cardiaques, respiratoires ou de thrombose vasculaire et ne doivent pas requérir d’oxygénothérapie.
L’accueil se ferait quatre mois au moins après le début des symptômes. Les patients seraient adressés par leur médecin généraliste ou spécialiste. « Il est très important de bien sélectionner les futurs curistes (questionnaire ou téléconsultation avec le médecin thermal avant l’arrivée), afin d’avoir des profils pathologiques adaptés à la prise en charge », a souligné la Dr Vidal.
Les principaux symptômes décrits par les patients Covid long sont la fatigue, la dyspnée, les céphalées, la tachycardie, les douleurs musculaires et les difficultés de concentration. Idéalement, le patient devra après sa cure retrouver le niveau d’indépendance qui était le sien avant la maladie et avoir acquis les compétences cognitives et sensorimotrices qui lui permettront de poursuivre sa prise en charge après le retour à domicile.
Les soins hydrothermaux (balnéothérapie individuelle, massages, piscine de mobilisation) apporteront aux patients le bénéfice de leur action antalgique, sédative, myorelaxante et anxiolytique. Les soins complémentaires comporteraient une rééducation respiratoire, un réentraînement à l’effort, une prise en charge psychologique, des ateliers de renforcement musculaire et de l’équilibre, des ateliers alimentation, etc.
Classiquement et conventionnellement, une cure thermale dure trois semaines (18 jours de soins), mais cette durée n’est pas toujours réalisable pour des patients plus jeunes et actifs. Aussi, d’autres formats sont à l’étude : une semaine (six jours de soins) ou 12 jours (déjà proposé dans les programmes post-cancer du sein).
Actuellement, seuls les soins de la cure conventionnelle de trois semaines sont remboursés à 65 % par l’Assurance-maladie. « La démarche sera faite auprès de la Cnam pour une prise en charge forfaitaire des soins complémentaires post-Covid, a précisé la Dr Vidal. Il faut à tout prix éviter la chronicité qui amènerait les patients à une désociabilisation ».
Colloque « Prise en charge des symptômes prolongés suite à une Covid-19 de l’adulte. Quelle place pour le milieu thermal ? »
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