L’HÉMORRAGIE du post partum (HPP) est la cause de 30% des décès maternels à l’échelle mondiale : elle survient dans environ 10,5 % des naissances et entraine plus de 130 000 décès maternels par an. C’est la première cause de décès maternel dans les régions en voie de développement et les pays défavorisés, ce qui s’explique par une mauvaise prise en charge de la délivrance mais aussi par la malnutrition, le manque de ressources et d’accès aux soins et le transfert tardif des femmes dans un hôpital.
L’HPP est définie comme une hémorragie d’origine utérine provenant exclusivement de l’aire d’insertion placentaire, survenant dans les 24 heures qui suivent l’accouchement et d’abondance supérieure à 500 ml. La prise en charge active de la délivrance met en jeu des interventions contribuant à l’expulsion du placenta en vue de prévenir ou d’atténuer la perte sanguine.
Prise en charge active.
La prise en charge active de la délivrance au cours d’un accouchement par voie basse inclut l’administration systématique d’un utérotonique dès le dégagement du bébé, le clampage et la section du cordon, la traction contrôlée du cordon ombilical (TCC) et un massage utérin après l’expulsion du placenta*.
De nombreux essais contrôlés randomisés ont démontré que la prise en charge active de la délivrance était plus efficace qu’une prise en charge non interventionniste en ce qui concerne la prévention des HPP. Mais le Dr Deborah Armbruster (États-Unis) souligne que la plupart des données s’appuient sur l’ensemble des interventions réalisées dans ce cadre, alors qu’il y a très peu de données sur la part de chacune des interventions de la prise en charge active de la délivrance.
Dans ce cadre, l’OMS a mené en 2007 une étude randomisée contrôlée de non-infériorité. L’objectif principal était de déterminer si une intervention simplifiée, à savoir l’injection d’ocytocine (10 UI IM/IV) sans traction contrôlée du cordon, était au moins aussi efficace que l’ensemble des interventions sur la réduction d’une l’hémorragie ≥1000 ml au cours de la délivrance.
Cette étude multicentrique a été menée dans 16 hôpitaux et deux centres de santé dans huit pays (Argentine, Égypte, Inde, Kenya, Philippines, Afrique du Sud, Thaïlande et Ouganda). 36 131 femmes ont été recrutées, 24 390 ont été incluses dans l’essai.
L’analyse des résultats confirme le rôle clé de l’administration d’utérotonique dans la prévention des HPP et suggèrent que l’absence de traction contrôlée du cordon ombilical n’augmente qu’un peu le risque d’HPP sévère : une pour 581 femmes traitées sous le régimes simplifié.
Misoprostol.
Par ailleurs, dans les pays à faibles moyens, le 18e comité d’expert pour la sélection et l’usage des médicaments essentiels, a validé en mars 2011 le misoprostol 60 µg (analogue synthétique de la prostaglandine). L’avantage : il est disponible en comprimés, stables à températures ambiantes, d’absorption orale ou sublinguale, peu cher. Ce à la différence de l’ocytocine qui nécessite une réfrigération, un opérateur sachant piquer et du matériel stérile. La FIGO a lancé une Initiative pour promouvoir l’usage du misoprostol, financée par la fondation Bill et Mélinda Gate.
Active Management of the third Stage of Labour- the 2012 WHO trial and its implication for pratice.
Session présidée par le Pr Gamal Serour (Egypte) « The FIGO misoprostol for PPH in low-ressource settings initiative »
* Recommandations de la Fédération Internationale de gynécologie et d’obstétrique (FIGO), de la Confédération internationale des sages-femmes (ICM) et l’OMS.
Article précédent
Le cas des adolescentes obèses
Article suivant
Un contrôle rapide par voie orale
Réduire la mortalité maternelle et les complications de l’accouchement
Pas un facteur de risque indépendant de grande prématurité
De nouvelles recommandations internationales
La mortalité maternelle a été réduite au Népal
Les violences passées ont un impact sur le mode de délivrance
Le cas des adolescentes obèses
Le rôle clé de l’utérotonique
Un contrôle rapide par voie orale
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024