La coloscopie n’est pas l’arme absolue contre le cancer du côlon. De 2 à 9 % des patients ayant un diagnostic de cancer colorectal avaient eu une coloscopie dans les 3 années précédentes. Il est établi depuis longtemps que le taux de détection des adénomes coliques (TDA, qui correspond au nombre de coloscopies avec au moins un adénome détecté/nombre de coloscopies réalisées) est corrélé au risque de cancer d’intervalle et que ce taux varie grandement selon les opérateurs. « À l’heure du test immunologique de dépistage – qui devrait au minimum doubler le nombre de sujets référés pour coloscopie suite à un test positif —, il nous a paru important d’actualiser les données et de fixer des objectifs de rendement », rapporte le Dr Bernard Denis. Pour ce faire, une étude a analysé quelques 8 000 coloscopies réalisées par 119 endoscopistes dans le cadre du dépistage organisé (DO) dans les dix départements de la région Grand-Est, soit environ 9 % de la population cible en France. Les résultats confirment la très grande diversité des TDA, déjà observée avec le test Hemoccult, puisqu’ils varient de 7 à 94 % selon l’opérateur, soit une fourchette considérable.
« Sur la base d’un seuil minimal de TDA que nous proposons de fixer à 45 %, 17% des gastro-entérologues de notre étude se situaient en dessous du seuil, ce qui augmente le risque de cancer d’intervalle et discrédite la coloscopie », souligne le Dr Denis qui estime « scandaleux qu’il n’y ait pas de référentiel qualité ni de programme assurance qualité pour les coloscopies du DO » . « Les financeurs n’ont pas inclus dans le cahier des charges de normes pour la coloscopie. Dans des pays comme l’Angleterre ou les Pays-Bas, seuls des endoscopistes accrédités effectuent les coloscopies du DO. En France, cette démarche n’a pas été retenue, et il apparait donc essentiel que les professionnels et les sociétés savantes s’emparent de ce sujet, à l’instar de ce qui a été fait aux Etats-Unis dès 2002. Sans doute nous faut-il communiquer plus sur le TDA, critère essentiel de qualité de la coloscopie, pourtant mal connu du public comme des généralistes », conclut le Dr Bernard Denis.
D’après un entretien avec le Dr Bernard Denis, CH, Colmar.
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