L’infection récidivante à Clostridium difficile est l’unique indication validée de la transplantation de microbiote fécal (FMT), utilisée en routine depuis cinq ans. « La FMT a changé l’histoire naturelle des infections récidivantes à C difficile, avec des taux de guérison de 93 % en moyenne », résumait l’auteur principal d’une méta-analyse parue en 2018 (1), le Dr Gianluca Ianiro. Mais le microbiote « médicament » est aussi testé, avec des résultats prometteurs, dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin ou le syndrome de l’intestin irritable (SII). Jusqu’alors, les essais étaient peu convaincants dans le SII, voire contradictoires, et sans réponse sur la quantité de greffon à transplanter ou l’intérêt de réitérer l’opération.
89 % de répondeurs
Une étude présentée à l'UEGW (2), randomisée, contrôlée versus placebo, menée chez 164 patients avec un SII modéré à sévère, confirme que la greffe de microbiote fécal pourrait être un traitement efficace et bien toléré du SII, avec une amélioration marquée des symptômes. Le Pr Magdy El-Salhy, de l'hôpital universitaire Haukeland de Bergen (Norvège), a cherché à « optimiser les chances de succès du traitement en sélectionnant un seul donneur, qualifié de « super-donneur », qui présentait un profil fécal microbien favorable ». Le matériel de transplantation a été conservé congelé et administré après décongélation dans le duodénum. Une réponse à la FMT a été observée chez 23,6 % des personnes ayant reçu un placebo (leurs propres selles) et 89,1 % des personnes ayant reçu une greffe de 60 g. Une amélioration cliniquement significative des symptômes (-175 points du score IBS) est survenue chez 5,5 % et 47,3 % des individus, respectivement. Une greffe à haute dose et/ou une FMT répétée augmenterait le taux de réponse et l'intensité des effets bénéfiques.
Les événements indésirables post-FMT sont survenus chez environ 20 % des patients. Il s'agissait de symptômes gastro-intestinaux légers (douleurs abdominales, diarrhée ou constipation) précoces et spontanément résolutifs.
Développer des banques de selles congelées ?
Par ailleurs, l'utilisation de matières fécales congelées élimine les problèmes logistiques associés à la FMT impliquant des matières fécales fraîches, et pourrait permettre le développement de biobanques pour l'utilisation courante de la FMT en pratique clinique. Des recherches actives sont d’ailleurs en cours pour standardiser les banques de selles, comme l’expliquait Josbert Keller, de la Netherlands Donner Feces Bank, afin « d’une part de produire des fèces "prêtes à l’emploi", de garantir la disponibilité et la sécurité de production mais aussi d’améliorer le rapport coût/efficacité ».
(1) Ianiro G. Et al. United European Gastroenterol J. 2018 Oct; 6(8): 1232–1244.
(2) El-Salhy M, et al. Nutrients. 2019 Jun; 11(6): 1415. Published online 2019 Jun 24.
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