Un biosimilaire n'est pas un générique. Il s'agit d'une grosse molécule, complexe. Cette molécule biologique est avant tout définie par son mode de production, traitement, purification… Ce sont eux qui conditionnent sa structure, son efficacité, sa tolérance. C'est pourquoi, à la différence d'un générique, son évaluation n'est pas restreinte à une étude de bioéquivalence. Pour un biosimilaire, il faut mener à bien un plan de développement incluant des études cliniques. Elles sont destinées à étudier le profil de qualité, de sécurité et d’efficacité, comparativement au produit biosimilaire, en l'occurrence l'insuline glargine Lantus.
C'est pourquoi un biosimilaire impose un plan de développement. Celui de l'Abasaglar, particulièrement complet et robuste, a été mené sur 5 ans. Deux études pivots de phase I d'équivalence pharmacocinétique et pharmacodynamie réglementaires ont été réalisées. Il s'agit d'études de clamp euglycémique chez un volontaire sain, randomisées en double aveugle, à dose unique (0,5 U/kg) et en cross over. Elles testent l'équivalence PK/PD d'un produit biosimilaire versus l'original, ici la Lantus. Pour remplir cette condition, on doit avoir une concordance serrée des points de pharmacocinétique (insulinémie) avec tous les points de la courbe qui doivent comparables dans un intervalle de 0,8-1,25. Mais on doit aussi prouver l'équivalence pharmacologique, soit une concordance des courbes d'efficacité pharmacologique (débit moyen de perfusion de glucose). Dans le cas d'Abasaglar, deux autres études de phase I de clamp ont été réalisées. L'une à nouveau chez le sujet sain mais avec deux autres dosages (0,3 et 0,6 U/kg) et l'autre chez le diabétique de type 1 à 0,3 U/kg.
À l’issue de ces études d'équivalence PK/PD, il faut encore comparer en clinique l'efficacité et la tolérance dans des études de phase III. Deux études ont été réalisées, l'une dans le diabète de type 1, l'autre dans le diabète de type 2. Toutes deux concluent à la non-infériorité de l'Abasaglar en termes d'efficacité, HbA1c à 6 mois, et un profil de tolérance similaire à la Lantus.
Pour autant, peut-on substituer l'Abasaglar à la Lantus ? Actuellement, l'Abasaglar est indiqué en première intention chez le diabétique de type 1 nouvellement diagnostiqué chez l'adulte et l'enfant de plus de 5 ans. Elle n'est indiquée qu'en seconde intention chez les enfants de 2 à 5 ans. Il en est de même chez le diabétique de type 2.
Pour autant, le pharmacien ne peut pas substituer Abasaglar à Lantus, comme pour les génériques. « Pour les biosimilaires il ne s'agit pas de substitution mais d'interchangeabilité. Or en 2013 l'ANSM a émis une recommandation stipulant globalement qu'un biosimilaire ne peut être délivré à l'initiative du pharmacien qu'en initiation », souligne le Dr Didier Lemoine, pharmacien (Bordeaux)
D'après le déjeuner-débat Boehringer-Ingelheim Lilly. Voir l'insulinothérapie basale différemment
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