Face aux difficultés d’accès aux soins, aux discriminations et stigmatisations, les associations trans, issues pour la plupart des mouvements impliqués dans les luttes de l’épidémie VIH-sida, développent des solutions pratiques dans différents champs, de l’information des personnes trans et la formation des professionnels à la structuration du parcours de soins.
« Ces nouvelles pratiques sont inspirantes et rappellent l’intérêt d’une implication des personnes trans elles-mêmes et de leurs associations dans la construction des réponses aux problèmes qui les concernent », estime le Dr Hervé Picard, généraliste et médecin de santé publique, dont le rapport remis au ministre de la Santé recense ces nouvelles pratiques tirées des expériences des usagers du système de soins.
Cet engagement vise d’abord à partager et diffuser de l’information en vue d’une autonomisation des personnes. À côté du site de vulgarisation wikitrans.co, des guides ciblent des sujets variés : traitements hormonaux, chirurgie, santé sexuelle, constitution d’un dossier de changement de mention de sexe à l’état civil ou calcul du reste à charge des opérations chirurgicales liées aux transitions.
Faciliter l’accès aux soins
Pour faciliter l’accès aux soins dans des structures « accueillantes », des réseaux fédérant professionnels de santé et associations se sont créés localement. Le Réseau Santé Trans (Rest), créé en 2018 à Rennes, fait figure de référence. Le réseau coordonne les parcours de santé des personnes trans, organise des formations à l’hormonothérapie, anime un outil d’échange de questions cliniques et mène une revue systématique de la littérature portant sur la santé trans.
L’expertise développée par les associations est ainsi diffusée auprès des personnes trans, mais aussi des professionnels de santé. En Île-de-France, les associations OUTrans, Espace Santé Trans et Acceptess-T ont vu leur offre de formation pour les médecins prescripteurs validée en développement professionnel continu (DPC).
La collaboration avec les professionnels de santé se décline à l’hôpital. À Bichat (AP-HP), le service des maladies infectieuses travaille en lien avec Acceptess-T qui accompagne en majorité des femmes trans originaires d’Amérique latine, concernées par le VIH et le travail du sexe, autour de la prévention combinée. L’association assure une permanence hebdomadaire au sein même du service.
En parallèle, une infectiologue du Centre gratuit d'information, de dépistage et de diagnostic (Cegidd) de l’hôpital se rend chaque semaine dans les locaux de l’association pour des primoprescriptions de prévention pré-exposition au VIH (Prep). Cette intervention a permis de « réduire de façon conséquente les délais d’accès au traitement » et « d’augmenter de 60 % en 2021 le nombre de femmes trans suivies pour la Prep au sein du Cegidd de l’hôpital », relève le rapport du Dr Picard.
Le partenariat porte également sur la recherche avec des projets tels que « PrepAporter », étude menée en 2022 sur les parcours d’accès à la Prep au sein du service de maladies infectieuses de Bichat ou sur les interactions entre antirétroviraux et traitements hormonaux de substitution.
À la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), les réunions de concertation pluridisciplinaire (RCP) du service de pédopsychiatrie qui prend en charge des mineurs trans accueillent des représentants d’associations (OUTrans, Espace Santé Trans, Acceptess-T).
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