Recherche translationnelle

Artériosclérose et rejet de greffe rénale

Publié le 26/05/2014
Article réservé aux abonnés

Les greffés rénaux développent rapidement une artériosclérose et ont en outre une réponse immunitaire importante. « En une année, l’artériosclérose évolue chez les greffés rénaux comme elle le fait en 28 ans dans la population générale », a précisé le Pr Xavier Jouven. Les travaux se sont penchés sur la relation entre les taux d’anticorps, l’artériosclérose et le développement accéléré d’un athérome en dehors de l’organe atteint. Les patients ont été différenciés en quatre groupes : réaction cellulaire, humorale (par anticorps), vasculaire sans anticorps spécifiques et vasculaires avec anticorps spécifiques. C’est dans ce dernier groupe que le pronostic du greffon était le moins bon.

L’analyse du rôle du complément a permis de prédire encore mieux le risque de rejet et ces différents travaux ont in fine abouti à la modification de la classification du rejet de greffe de rein.

En se basant sur les Données informatiques validées en transplantation rénale (DIVAT), qui portent sur 12 000 patients greffés, un travail a analysé les liens entre les déterminants de l’artériosclérose sévère (chez 664 patients) et le syndrome coronaire aigu. Après ajustement sur tous les paramètres (âge, antécédents d’événement coronaire majeur…), c’est la présence d’anticorps qui s’est révélé le facteur de risque le plus important.

Ces données ont donc permis de progresser dans la connaissance du rejet de greffe et du risque de complication coronaire chez les greffés rénaux, mais ont eu finalement peu d’impact sur la mort subite, objet initial des recherches.

Toutefois, les analyses des données recueillies par le centre d’expertise de la mort subite, qui a recensé 12 000 arrêts cardiaques survenus à Paris et en petite couronne, ont mis en évidence deux sous-groupes de patients. L’un avec une évolution certaine vers le décès, ce qui devrait permettre de définir des critères d’arrêt précoce de la réanimation cardiorespiratoire et de mener une réflexion autour du don d’organes. Et à l’inverse un sous-groupe de patients de bon pronostic, qui sont donc des candidats à des techniques d’exception. « Ceci soulève bien sûr des questions éthiques », a conclu le Pr Jouven.

D’après la communication du Pr Xavier Jouven, hôpital européen Georges Pompidou, Paris

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9330