Le scanner cardiaque permet l’évaluation quantitative de la charge en athérome coronaire calcifié, appelée score calcique coronaire (CAC). Cette évaluation requiert une acquisition scanographique du massif cardiaque sans injection de produit de contraste et permet l’identification des lésions athéromateuses calcifiées, leur volume et leur nombre permettant le calcul d’un score exprimé en unités Agatston et en percentile de la population générale de même âge et de même sexe.
Stratification du risque cardiovasculaire
Le CAC a montré une forte corrélation avec le risque de survenue d’un événement cardiovasculaire et améliore significativement le classement des individus en catégories de risque par rapport aux méthodes classiques d’estimation, fondées sur le cumul des facteurs de risque clinicobiologiques (2). Ainsi, il est indiqué en prévention primaire pour affiner l’estimation du risque d’individus asymptomatiques de plus de 40 ans classés à risque intermédiaire.
Un score calcique à zéro témoigne d’un risque d’événement cardiovasculaire extrêmement faible, contrairement à un score calcique élevé (seuil classiquement retenu > 400 UA), qui dénote un risque d’événement élevé. Entre les deux, et dès la positivité du score calcique, la prise en charge optimale des facteurs de risque cardiovasculaire doit bien sûr être mise en œuvre, car l’augmentation du risque est graduelle dès que le CAC est supérieur à zéro (3).
Sténose et calcifications
L’injection de produit de contraste iodé permet de visualiser la lumière coronaire ainsi que la paroi (donc, les plaques d’athérome). Le coroscanner permet donc l’évaluation de la charge en athérome global, calcifié et non calcifié, la quantification du degré de sténose en regard d’une plaque et l’identification de plaques présentant des critères de vulnérabilité associés à un surrisque d’événement cardiovasculaire.

Le coroscanner est indiqué pour la recherche d’une coronaropathie, dans le cadre de l’évaluation d’une douleur thoracique chez des patients dont la probabilité pré-test d’avoir une coronaropathie est faible ou modérée. Du fait de l’excellente valeur prédictive négative du coroscanner, un diagnostic d’angor compliquant une coronaropathie épicardique peut être exclu s’il ne montre pas de sténose coronaire significative (4).
Le coroscanner a une excellente valeur prédictive négative
Dans le cadre de la prise en charge d’un syndrome coronaire chronique, le coroscanner permet de vérifier l’absence de coronaropathie à risque (sténose du tronc commun, de l’artère interventriculaire antérieure [IVA] proximale, sténoses tritronculaires), qui indiquerait la mise en place d’un traitement médical de première intention, fondé sur la prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire et un traitement anti-angineux, comme alternative à l’angioplastie coronaire (4, 5).
La quantification du volume d’athérome coronaire global et l’évaluation de l’inflammation péri-coronaire seraient de puissants marqueurs pronostiques
Enfin, cet examen affine l’évaluation du risque d’événement cardiovasculaire, par la quantification du volume d’athérome coronaire global et par l’évaluation de l’inflammation péri-coronaire, via l’étude de la densité du tissu graisseux péri-vasculaire. Ces deux éléments seraient de puissants marqueurs pronostiques et pourraient être utilisés, dans le futur, dans le cadre du soin courant (6, 7).
(1) Jørgensen ME et al. J Am Coll Cardiol. 2017 Apr 11;69(14):1761-70
(2) Yeboah J et al. Jama. 2012 Aug 22;308(8):788-95
(3) Stone NJ et al. J Am Coll Cardiol. 2022 Mar 1;79(8):819-36
(4) Vrints C et al. Eur Heart J. 2024 Sep 29;45(36):3415-537
(5) Maron DJ et al. N Engl J Med. 2020 Apr 9;382(15):1395-407
(6) Chan K et al. Lancet. 2024 Jun 15;403(10444):2606-18
(7) Nurmohamed NS et al. JACC Cardiovasc Imaging. 2024 Mar;17(3):269-80
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