HTA : nouvelles voies thérapeutiques

Par
Publié le 04/07/2025
Article réservé aux abonnés

Plusieurs innovations visent à répondre à des problématiques non résolues, pour améliorer la prise en charge de facteurs de risque et/ou de pathologies.

L’effet des ARN interférents persiste longtemps

L’effet des ARN interférents persiste longtemps
Crédit photo : PHANIE

Comme d’autres domaines, la cardiologie bénéficie en permanence d’avancées thérapeutiques. C’est le cas du développement des petits ARN interférents (siRNA pour small interfering RNA), qui peuvent se lier spécifiquement à une séquence d’ARN messager et ainsi empêcher l’expression de gènes. Ce sont des médicaments injectables de demi-vie très longue, ce qui permet d’espacer les prises et donc d’offrir des stratégies de lutte contre les problèmes d’observance thérapeutique, situation très fréquente en cardiologie. Cela concerne en particulier la prise en charge des facteurs de risque silencieux, qui nécessitent un traitement à vie mal compris par de nombreux patients.

Les siRNA contre l’inobservance

Cette nouvelle technologie de siRNA a ainsi permis de développer l’inclisiran, petit ARN interférent dirigé contre l’ARN du PCSK9, qui est déjà disponible dans certains pays d’Europe et au Royaume-Uni dans l’hypercholestérolémie primaire (hétérozygote familiale et non familiale) et les dyslipidémies mixtes, sous certaines conditions.

Dans l’hypertension artérielle (HTA) non contrôlée par les traitements actuels, un autre siRNA, le zilebesiran, vise à réduire les niveaux d’ARNm de l’angiotensinogène hépatique, et donc la production de cette protéine, une cible thérapeutique de choix dans cette indication.

« Ces innovations apportent des réponses à des situations cliniques aujourd’hui en impasse thérapeutique relative, tout en favorisant l’adhésion au traitement et en améliorant le confort des patients », souligne le Pr Atul Pathak (Luxembourg).

L’aldostérone synthase, en amont

Le baxdrostat est un inhibiteur de l’aldostérone synthase, en cours d’évaluation dans la prise en charge de l’HTA. Il s’oppose aux effets de l’aldostérone en bloquant sa biosynthèse. Un des intérêts potentiels de cette nouvelle classe est de garantir l’efficacité antihypertensive, sans induire les effets indésirables d’autres médicaments comme les antagonistes des récepteurs aux minéralocorticoïdes, qui agissent sur cette même voie, mais générant hyperkaliémie, dysfonction rénale ou effets endocriniens. Ces médicaments pourraient être associés à d’autres antihypertenseurs, ou à d’autres médicaments de prévention cardiovasculaire (CV), comme les inhibiteurs de SGLT2.

Des anti-endothélines

Une autre voie de recherche porte sur les anti-endothélines, qui agissent en bloquant deux de leurs récepteurs (ETA et ETB), ce qui inhibe l’action de l’endothéline 1, agent puissamment vasoconstricteur, favorisant fibrose et hypertrophie ventriculaire gauche. Une première molécule de cette classe, l’aprocitentan, a été récemment approuvée par la Food and Drug Administration dans l’HTA résistante.

En galénique aussi

Les associations de trois voire quatre médicaments antihypertenseurs en un seul comprimé, et des associations de médicaments agissant sur plusieurs facteurs de risque, sont développées pour lutter contre l’inobservance.

D’autres développements, notamment réalisés en cancérologie, bénéficient aujourd’hui à la cardiologie. Tel est le cas de l’encapsulation nanotechnologique du principe actif dans un vecteur délivrant le médicament au plus près du tissu d’intérêt, tout en réduisant sa dose, et donc le risque d’effet indésirable.

Entretien avec le Pr Atul Pathak, directeur de l’Institut national de chirurgie cardiaque et de cardiologie interventionnelle (Incci), Luxembourg

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin