Les TIPMP sont les tumeurs kystiques du pancréas les plus fréquemment diagnostiquées et dont la prévalence augmente avec l’âge, touchant 7 % de la population générale adulte et 10 % au-delà de 60 ans. « Moins de 1 500 personnes par an en France développent un cancer du pancréas sur TIPMP, soit 10 % de l’ensemble des cancers du pancréas. Les TIPMP des canaux secondaires ont, à cinq ans, un taux d’incidence de lésions invasives ou dysplasiques de haut grade relativement faible, de 1,6 pour 1000 personnes-années. D’autres cohortes avaient montré des résultats assez divergents, allant de 1 à 5 % de risque de cancer à cinq ans », évalue la Pr Vinciane Rebours (service de pancréatologie et d’oncologie digestive de l’hôpital Beaujon, Paris), coordinatrice de la cohorte nationale prospective française de malades ayant une TIPMP. Cette cohorte, nommée TEAM-P, a suivi pendant cinq ans, de manière standardisée par imagerie (pancréato-IRM, échoendoscopie, scanner), des patients ayant une TIPMP des canaux secondaires, recrutés en centres libéraux et hospitaliers. L’objectif était d’affiner le risque réel de développer un cancer du pancréas sur TIPMP des canaux secondaires, et d’éventuellement codifier un suivi efficient, fondé sur des critères cliniques prédictifs.
Plus de 1 800 patients inclus
Au total, 1 817 patients ont été inclus dans 58 centres français (âge moyen 65 ans, 25 % de fumeurs ou ex-fumeurs, IMC moyen de 24 kg/m²) et suivis pendant 4,3 ans en moyenne. Comme attendu, la grande majorité des TIPMP ont été découvertes de manière fortuite (78 %). En moyenne, la plus grande des lésions mesurait 11 mm. Au total, 1,6 % des patients présentaient des bourgeons endokystiques. Seulement 38 ont été opérés pendant le suivi, pour pancréatites aiguës à répétition, apparition d’un bourgeon endokystique ou d’une masse, augmentation rapide de la taille des kystes ou atteinte du canal de Wirsung. Chez les patients opérés, ont été découverts : quatre cancers et 34 dysplasies (9 de haut grade et 25 de bas et moyen grades).
Vers une surveillance allégée
« Si le taux de dégénérescence des TIPMP est très faible (il faut suivre 1 000 personnes pendant un an pour détecter 1,6 cas de cancer ou de lésion de haut grade), les patients, une fois suivis, doivent l’être sans limite de temps. De plus, le fait de développer un cancer ou une lésion de haut grade est en lien avec l’apparition d’une masse ou d’un nodule, ou de l’atteinte du canal pancréatique principal. Aucun facteur prédictif d’évolution n’a été repéré. Le suivi actuel consiste en une pancréato-IRM annuelle pour tous les patients (1). Mais nos résultats pourraient inciter à alléger la surveillance, par exemple tous les deux ans en l’absence de facteurs de risque de cancer connu, de symptômes et en cas de lésions de petite taille (notamment infracentimétriques) et non évolutives », conclut la Pr Vinciane Rebours.
(1) European evidence-based guidelines on pancreatic cystic neoplasms. Gut 2018 May;67(5):789-804.
Article précédent
« Une qualité d’endoscopie optimisée avec l’intelligence artificielle »
Article suivant
Quels sont les risques avérés des IPP ?
« Une qualité d’endoscopie optimisée avec l’intelligence artificielle »
Pancréas : des tumeurs à suivre
Quels sont les risques avérés des IPP ?
Alcool : deux millions de consommateurs à risque
L’échographie bientôt incontournable dans les MICI
Cancer de l’œsophage : l’immunothérapie adjuvante change la donne !
Avantage à la dissection sous-muqueuse
Fibrose hépatique : dépister grâce au FIB-4
Les SMS des JFHOD
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024