LES VACCINS THÉRAPEUTIQUES en cancérologie bénéficient d’évolutions récentes, depuis la démonstration de l’efficacité de cette approche et la commercialisation d’un produit, le sipuleucel-T, dans le cancer de la prostate. De nombreux essais cliniques portent actuellement sur le recours aux vaccins thérapeutiques dans les cancers muqueux (poumon, sphère ORL, côlon, organes génitaux…). Dans ce contexte, des chercheurs français (Science Translational Medicine, Sandoval et coll., 13 février 2013. Vol. 5, Issue 172, p. 172ra20) ont souligné le rôle majeur de la voie d’administration. La majorité des vaccins développés dans les cancers muqueux ont été évalués expérimentalement contre des tumeurs sous-cutanées et non pas muqueuses, et les bons résultats observés chez la souris n’ont pas été confirmés chez l’homme. L’équipe française a donc développé un modèle de souris orthotopique de cancer ORL -en greffant des cellules tumorales humaines exprimant le papillomavirus de type 16 dans la sous-muqueuse de la langue des animaux- et de cancer pulmonaire, où les cellules tumorales humaines ont été greffées dans les poumons des souris.
Ils ont ensuite comparé, sur ces modèles, l’efficacité de la vaccination selon sa voie d’administration, systémique (intramusculaire) ou muqueuse (intranasale).
Et, alors que le vaccin par voie systémique est inefficace, les auteurs ont montré que le vaccin administré par voie nasale entraîne une inhibition de la croissance tumorale et une survie dans de 90 à 100 % des cas. Ceci s’explique par le fait que la voie intramusculaire ne favorise pas la migration des lymphocytes vers les sites muqueux, à l’inverse de la voie intranasale. Cette dernière entraîne une augmentation de l’expression de molécules d’adressage (CD49a) sur ces lymphocytes, ce qui est à l’origine de la migration de ces cellules immunitaires sur les sites tumoraux.
Ces résultats pourraient être extrapolés à l’homme car les CD49a sont également présentes sur les lymphocytes tumoraux.
Ces données sont donc très importantes et devraient inciter à modifier les modes d’administration de ces vaccins dans les tumeurs muqueuses, en privilégiant par exemple la voie intranasale dans les cancers ORL et pulmonaires.Il faut toutefois que ces résultats soient confirmés chez l’homme par une étude clinique comparant les deux voies d’administration.
D’autres voies d’administration par voie muqueuse (orale ou sublinguale notamment) doivent également être évaluées, tout comme la validité de cette approche dans d’autres types de cancers muqueux, du côlon ou génitaux.
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