Dans le département de Seine-Saint-Denis (93), la vulnérabilité de la population engendre des conséquences plus ou moins importantes selon les pathologies. « Dans certaines maladies, l'isolement social joue un rôle particulièrement aggravant. C'est, par exemple, le cas des cancers bronchiques lorsque les patients résident dans des zones géographiques où l'accès au médecin traitant est plus difficile qu'ailleurs. Ces patients arrivent souvent à l'hôpital avec un état général dégradé et un cancer à un stade avancé. De même, si la participation au dépistage organisé du cancer du sein n'est pas mauvaise dans le 93, le dépistage individuel n'est pas assez développé, notamment auprès des personnes âgées isolées et démunies », affirme le Pr Laurent Zelek, chef du service d'oncologie à l'hôpital Avicenne (Bobigny).
En Seine-Saint-Denis, l'offre de soin morcelée mène à un paradoxe. Alors qu'un nombre important d'établissements sont autorisés à pratiquer la cancérologie, le taux de fuite des patients vers les établissements de cancérologie parisiens de grande renommée est conséquent. « Le recours à ces établissements est, parfois, justifié (accès à une expertise particulière). Mais dans la grande majorité, il ne l'est pas : pour de nombreux cancers, les hôpitaux de Seine-Saint-Denis disposent d'expertises et de thérapies aussi innovantes que les établissements plus réputés », note le Pr Zelek.
Faciliter l'accès aux soins de proximité
Pour mettre en valeur l'offre de soin en Seine-Saint-Denis, la rendre plus visible et lisible au sein de la population locale, les hôpitaux du territoire sont en train de créer un groupement de coopération sanitaire (GCS) comprenant notamment, des médecins, des directeurs d'hôpitaux du 93 ainsi que des chargés de mission. « Pour le moment, nous recensons toutes les structures de diagnostic de notre département et réfléchissons à l'amélioration du diagnostic rapide du cancer », précise le Pr Zelek. Aujourd'hui, le GCS reste hospitalier : il fédère 6 établissements publics impliqués dans la cancérologie de Seine-Saint-Denis (en incluant Gonesse). « Mais nous souhaitons qu'il s'ouvre aux structures privées et à la ville, dès 2017 : il est impossible d'organiser l'éducation thérapeutique, les soins de support, le soutien psychosocial sans que l'hôpital s'appuie sur la ville, notamment, sur le médecin traitant et les réseaux de soins », souligne le Pr Zelek. Le GCS de Seine-Saint-Denis souhaite, ainsi, garantir à chaque patient l'accès aux soins dont il a besoin au plus de chez lui. Autre objectif : développer les essais cliniques dans le 93 et favoriser le partage d'expertise en termes de recherche, au sein des différents établissements du département. Les premiers efforts du GCS ont déjà porté leurs fruits : « les patients suivis dans d'autres structures viennent, de plus en plus nous voir pour obtenir un deuxième avis. Et, en matière de suivi des patients, notre collaboration avec les médecins traitants est, de plus en plus étroite », conclut le Pr Zelek.
D'après un entretien avec le Pr Laurent Zelek, chef du service d'oncologie à l'hôpital Avicenne (Bobigny)
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