Depuis deux ans, en matière de thérapies ciblées, des innovations majeures ont vu le jour en oncohématologie. « Nous avons vu émerger des thérapies agissant contre la cellule lymphomateuse et contre le micro-environnement. Importants dans les lymphocytes B, les inhibiteurs des voies de signalisation (tels que l'ibrutinib), par exemple, sont désormais utilisés dans le lymphome à cellules du manteau et la leucémie lymphoïde chronique », indique la Pr Catherine Thieblemont, chef du service d'hémato-oncologie de l'hôpital Saint-Louis (Paris). L'ibrutinib présente une tolérance excellente et une efficacité inégalée chez les patients en rechute ou réfractaires à la chimiothérapie.
Les inhibiteurs de la thyrosine kinase sont, ainsi, très novateurs dans les hémopathies lymphoïdes. Autre molécule : l'idelalisib (un anti-PI3 kinase) est intéressante pour traiter les cancers des lymphocytes B, « quoique certainement plus toxique que l'ibrutinib dans le lymphome folliculaire et dans la leucémie lymphoïde chronique », précise la Pr Thiéblemont. Ces deux médicaments ont obtenu des autorisations de mise sur le marché (AMM) de façon accélérée au vu du bénéfice apporté.
Autre nouveauté : le brentuximab vedotin est le premier nouveau traitement mis au point en l'espace de 30 ans contre le lymphome de Hodgkin. Cet anticorps monoclonal couplé s'adresse aux patients qui font une récidive ou deviennent réfractaires à la chimiothérapie ou à la radiothérapie et se voient proposer d'autres traitements, comme des greffes de cellules souches, qui ne permettent pas toujours de les guérir. Pour ces patients, le brentuximab vedotin induit des taux de réponse très importants mais de courte durée s’il est utilisé seul. Par conséquent, il est de plus en plus utilisé en association à la chimiothérapie, non seulement en rechute, mais aussi, en essai thérapeutique en première ligne.
Les avancées en immunothérapie
Côté immunothérapie, dans le lymphome de Hodgkin, les inhibiteurs de check-points immuns (comme les anti-PD1) sont également en train de modifier la survie des patients en rechute ou réfractaires à la chimiothérapie. Actuellement, deux molécules sont utilisées : le nivolumab et le pembrolizumab. Ils peuvent, désormais, être utilisés ensemble, en combinaison. « Dans le lymphome de Hodgkin, les patients en rechute après autogreffe n'avaient comme solution alternative que l'allogreffe dans l'espoir d'éradiquer la maladie, avec toutefois une toxicité et un taux de mortalité relié à la greffe très importants (TRM à 30 %). Aujourd'hui, le nivolumab et le pembrolizumab, parfaitement tolérés, représentent un véritable espoir. Environ 70 % de patients lourdement prétraités vont répondre au traitement, avec une médiane de survie sans progression de plus d’un an », indique la Pr Thieblemont.
Avancée majeure dans l’immunothérapie, les CAR T-cells (lymphocytes T du patient, prélevés au patient, puis modifiés génétiquement in vitro) sont en train de faire une percée dans les lymphomes. « En France, les premiers essais thérapeutiques devraient débuter en 2017 », note la Pr Thiéblemont. Enfin, en oncohématologie, l'évaluation thérapeutique par PET scan a grandement contribué à améliorer la décision. « Le PET scan permet une analyse plus fine et plus précise des réponses thérapeutiques afin d'adapter le traitement en conséquence », conclut la Pr Thieblemont.
D'après un entretien avec la Pr Catherine Thieblemont, chef du service d'hémato-oncologie de l'hôpital Saint-Louis (Paris)
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