Tous les oncologues le savent : c’est toujours et encore l’innovation thérapeutique qui fait avancer notre discipline et nous pousse chaque jour à nous battre pour soigner au mieux nos patients. Dans ce domaine comme dans d’autres, il y a des modes, des tendances. Et des valeurs sûres. Ces dernières années, la presse spécialisée et les médias grand public ont beaucoup parlé de l’engouement autour des thérapies ciblées et de l’immunothérapie. Un engouement mérité, tant ces thérapeutiques ont bouleversé nos pratiques et permis de faire progresser de manière colossale la prise en charge d’un grand nombre de patients.
Depuis quelques années, ce sont les anticorps conjugués (ou ADC pour antibody-drug conjugates) qui font souffler le vent de l’innovation et de l’espoir dans les services d’oncologie. Là encore, à juste titre. Car de très beaux succès ont été enregistrés avec ces traitements. Les anticorps conjugués couplent des anticorps humains à des molécules cytotoxiques de chimiothérapie ou à de la radiothérapie. Les oncologues français maîtrisent aujourd’hui parfaitement ces traitements. Ils ont notamment fait beaucoup de progrès dans le maniement de la technologie des « linkers », les liants, ces molécules qui font le lien entre les anticorps et les médicaments cytotoxiques ou la radiothérapie. Trouver les bons liants a été une avancée majeure car cela nous a permis d’utiliser ces anticorps conjugués pour délivrer des quantités importantes de chimiothérapie ou de radiothérapie à l’endroit même où se trouve la lésion tumorale.
La collectivité doit se donner les moyens de traiter tous les malades
Aujourd’hui, nous avons tout en main pour proposer à nos patients ces anticorps conjugués. Il est nécessaire que la collectivité nous donne les moyens de traiter tous les malades chez lesquels ces traitements auraient un intérêt thérapeutique majeur. Des avancées réelles ont eu lieu dans ce domaine. Ces deux dernières années, plusieurs molécules ont été mises sur le marché. D’autres ATU ont été obtenues en Europe, ce qui nous permet d’avoir accès aux médicaments concernés. Il reste encore à accélérer sur certaines décisions. Ces traitements ont un coût élevé, nous en sommes pleinement conscients. Et nous sommes prêts à travailler étroitement avec la Haute Autorité de santé pour évaluer leur intérêt thérapeutique potentiel. L’innovation a un coût mais ce qui doit nous guider collectivement est l’intérêt des patients que nous soignons au quotidien.
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