LE FŒTUS PEUT être exposé à des stimulations douloureuses dans de nombreuses circonstances : dans certaines pathologies ou malformations (fractures de l’ostéogénèse imparfaite, occlusions) ou lors de procédures diagnostiques ou thérapeutiques.
Les travaux réalisés chez l’animal et chez le fœtus humain indiquent qu’il existe, dès le 2e trimestre de la grossesse, une réponse hormonale et hémodynamique au stress, avec augmentation du cortisol et des catécholamines, tachycardie, augmentation de la pression artérielle et des résistances vasculaires pulmonaires, réponse qui pourrait expliquer les difficultés d’adaptation à la vie extra-utérine en cas de naissance difficile.
La question se pose de savoir si cette douleur, surtout si elle est chronique, peut avoir des répercussions à long terme. Un certain nombre d’arguments incitent à le penser. L’hypothèse de Barker établit ainsi un lien entre le stress périnatal, en particulier hypoxique, et le développement de certaines pathologies à l’âge adulte. Une douleur chronique pourrait peut-être avoir les mêmes conséquences. Le Dr Houfflin Debarge et son équipe ont montré, chez le fœtus de mouton, qu’une douleur aiguë répétée à trois reprises pendant la gestation n’a pas d’impact à deux mois de vie (la puberté se situant autour de 6 mois). En revanche, une stimulation nociceptive chronique induit à cet âge une augmentation de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque de base, avec une diminution de la réactivité vasculaire aux catécholamines. Il a été montré également que des rats soumis à une stimulation nociceptive anténatale durant 3 semaines avaient un surpoids à l’âge adulte.
Quelques travaux menés chez le nouveau-né témoignent d’un taux plus important de cortisol chez les enfants nés par forceps que chez ceux nés par césarienne, également d’une réaction à la vaccination d’autant plus importante que le taux de cortisol était augmenté à la naissance.
À l’heure actuelle, une analgésie fœtale par la morphine est réalisée systématiquement pour certains gestes pratiqués in utero. Elle est efficace vis-à-vis des stimulations nociceptives aiguës mais ses effets secondaires en imposent une utilisation prudente. Des travaux complémentaires sont nécessaires pour mieux évaluer la douleur fœtale et ses conséquences à long terme, ainsi que l’impact et les modalités de l’analgésie fœtale.
D’après la communication du Dr Véronique Houfflin Debarge (Lille)
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