NE PAS CÉDER à un « quelconque affolement ». Tel est le mot d’ordre maintes fois répété vendredi dernier par Marisol Touraine à l’occasion d’un point presse très attendu au ministère de la Santé, censé « apporter les réponses aux questions que se posent des millions de Françaises et de Français sur l’usage des pilules de troisième et quatrième générations ».
La date de déremboursement avancé
« La décision que j’ai prise de dérembourser la pilule de troisième génération (en septembre dernier NDLR) n’a pas été et n’est en aucun cas une réponse à un risque sanitaire », assure Marisol Touraine. Début janvier, la ministre a « estimé que l’information avait été largement diffusée ». « J’ai donc pris la décision d’avancer le déremboursement au 31 mars », assure-t-elle sans faire référence à une quelconque pression médiatique. La ministre en profite pour égratigner le gouvernement précédent : « Ce qui est étonnant, ce n’est pas la décision de dérembourser la pilule de troisième génération au regard de l’avis de la HAS, c’est qu’en 2009, alors que des avis identiques avaient déjà été rendus, ait été prise la décision de rembourser ces pilules. »
Des pilules trop ou mal prescrites
« On n’est pas dans une situation d’urgence, hormis l’urgence d’information. Sans cela, nous prendrions des mesures plus importantes. Si les pilules de troisième génération étaient dangereuses, il faudrait qu’on les supprime du marché », déclare Dominique Maraninchi. « En soit, elles ne sont pas dangereuses, mais ce qui est dangereux collectivement, c’est si elles sont trop prescrites ou mal prescrites », soutient le directeur général de l’Agence nationale du médicament (ANSM). Cette dernière a contacté en décembre les médecins prescripteurs pour leur demander de privilégier systématiquement – sauf cas particuliers – les pilules 2G lors de prescription de contraceptifs oraux. L’agence a également été saisie en décembre par le ministère pour réévaluer le bénéfice/risque des pilules de troisième et quatrième générations.
Souhaitant « aller plus loin », Marisol Touraine a demandé à l’ANSM de saisir l’agence européenne des médicaments (EMA) « pour que les indications des autorisations de mise sur le marché (AMM) soient révisées dans un sens restrictif », en réservant leur prescription en seconde intention. Dans un communiqué publié vendredi dernier, l’EMA a déjà affirmé qu’il « n’existe actuellement aucune preuve susceptible de modifier le profil de tolérance d’un quelconque contraceptif combiné commercialisé aujourd’hui ».
Renforcer la pharmacovigilance
« Nous devons tout mettre en œuvre pour améliorer la pharmacovigilance », déclare la ministre de la Santé. Une étude rétrospective pharmaco-épidémiologique sera réalisée pour évaluer le nombre de complications vasculaires chez les femmes sous contraceptif oral. L’ANSM devra également « renforcer le suivi de la pharmacovigilance et publier les données correspondantes ». Marisol Touraine rappelle en outre aux professionnels de santé que les déclarations de complications vasculaires sont « obligatoires ».
Un référentiel de bonne pratique en avril
La Direction générale de la santé (DGS) va se pencher – en concertation étroite avec les médecins et leurs représentants – sur le développement d’outils pertinent pour « analyser en continu les comportements collectifs de prescription ». Pour Marisol Touraine, « il ne s’agit pas de remettre en cause la liberté de prescription de chaque médecin pris individuellement mais d’analyser le bon usage des prescriptions ». En avril prochain, la Haute Autorité de santé (HAS) doit remettre son évaluation de la place des pilules de 3e et 4e générations, notamment profil des femmes pour lesquelles les pilules de troisième et quatrième générations seraient utiles.
Répondre à l’inquiétude
Tout doit être mis en œuvre pour « éviter que les inquiétudes actuelles ne se traduisent par une diminution de la contraception et par une augmentation du nombre de grossesse désirée », indique la ministre de la Santé qui invite les femmes « à rencontrer leurs médecins afin qu’ils répondent à toutes leurs questions ». Pour les femmes qui ignorent la génération de pilule qu’elles utilisent, la liste de l’ensemble des contraceptifs oraux combinés (COC) disponibles en France est consultable sur les sites Internet du ministère de la Santé, de l’ANSM et de la HAS.
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