Pour les médecins libéraux la réponse est sans nul doute négative, certains mettant notamment en avant qu’ils sont nettement moins bien payés que leurs confrères britanniques, allemands ou néerlandais. Dans le cadre des négociations conventionnelles la question du niveau de rémunération vient donc se mêler à celle du mode de rémunération. « Il est clair que la manière dont sont honorés les médecins et notamment les généralistes en secteur 1 n’est pas digne », estime Jean de Kervasdoué, titulaire de la chaire d'économie du Conservatoire National des Arts et Métiers. Mais, selon lui, « le niveau de rémunération et la valeur de l’acte sont deux choses différentes. Le niveau de l’acte est ridicule, le niveau de rémunération est lui un sujet politique ».
Même distinction pour Brigitte Dormont : « Il n’y a pas de problème de niveau de rémunération des généralistes », affirme l’économiste de Paris-Dauphine, qui précise : « Cela n’exclut pas qu’il puisse y avoir un problème sur la forme de la rémunération. Quand on étudie les revenus des médecins généralistes de secteur 1, on voit qu’ils ont une rémunération importante ». Pour elle, la vraie question est celle du lien entre prix et volume : « Le malaise est surtout lié aux modalités de cette rémunération : pour avoir une bonne rémunération ils sont obligés de travailler longtemps et de délivrer beaucoup d’actes. Donc, penser la rémunération des médecins, ça peut être aussi penser sa forme ».
Une demande non pas pour gagner plus mais pour gagner mieux
Quel que soit leur positionnement les économistes interrogés par Le Généraliste semblent s’accorder sur le fait que ce n'est pas sur le revenu en lui-même qu’il faut se concentrer. « Cette approche n’est pas pertinente. Il n’y a pas une demande des médecins pour gagner plus mais pour gagner mieux. Les modes de paiement existants entraînent un abattage et une cadence infernale dont les jeunes ne veulent plus. L’idée c’est gagner mieux pour soigner mieux » souligne Frédéric Bizard, professeur à Sciences Po Paris. Pour Claude Le Pen aussi, « il faut séparer les problèmes de niveau et de forme. Il faudrait garantir le niveau de revenu du médecin et réfléchir à la forme qui est la plus rentable, non pas pour le médecin, mais pour l’environnement. Savoir quelle est la forme qui favorise le plus le système », suggère l’économiste de Paris-Dauphine.
Article suivant
Faut-il conforter ou minorer le paiement à l'acte ?
Les généralistes sont-ils suffisamment payés ?
Faut-il conforter ou minorer le paiement à l'acte ?
Les trois pistes de la Cnamts
Comment diversifier les modes de paiement ?
La liberté tarifaire pour tous, ouverture ou folie ?
Que faire de la ROSP et du paiement à la performance ?
En direct du CMGF 2025
Un généraliste, c’est quoi ? Au CMGF, le nouveau référentiel métier redéfinit les contours de la profession
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent