Médecins aux JO : Dr Yann Schrub, le spécialiste du demi-fond qui ne fait pas les choses à moitié

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Publié le 01/08/2024
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Qu’ils soient athlètes, membres des staffs ou de l’organisation, plusieurs médecins ou futurs praticiens vont prendre part aux Jeux olympiques de Paris. « Le Quotidien » les met en lumière. Aujourd’hui, rencontre avec le coureur de demi-fond Yann Schrub. Aligné aux deux épreuves de 5 000 et 10 000 mètres, il est l’une des très sérieuses chances de médaille française.

Crédit photo : STADION-ACTU

À Paris, en Olympie, il entrera en piste pour défendre ses chances sur sa distance de prédilection, le 10 000 mètres, le 2 août prochain. Et, qualification nationale oblige, le désormais Dr Yann Schrub – il a passé sa thèse de médecine générale sur l’anémie ferriprive chez les coureurs au printemps dernier – s’alignera également sur le 5 000 mètres. Le jeune athlète de 28 ans ne cache ni son impatience ni son envie d’en découdre. Mais admet que sa présence à ce niveau de compétition professionnelle ne faisait pas forcément partie de ses projets quand il a commencé à courir en club à l’âge de 12 ans.

« J’ai toujours pris l’athlé comme un loisir ; au début, mon but était de faire partie de l’équipe de France. J’ai commencé par le cross-country et je suis monté crescendo d’année en année », confie-t-il. Pour autant, en parallèle, l’adolescent ne perd pas les études de vue, « parce que c’est ce qu’il y a de plus important ». Pour Yann, le déclic pour la médecine se produit en classe de seconde.

Réussite au concours de médecine, podium dans la foulée

« À partir de là, je me suis dit que l’athlétisme, avec le concours d’entrée en première année, ce serait terminé pour moi. » Pas le temps de mener les deux activités de front, pense-t-il. Ce qui n’empêche pas le futur bachelier de continuer à courir en compétition, mais à un rythme moins soutenu. Yann réussit l’examen d’entrée en médecine et, trois mois plus tard, décroche un podium aux championnats de France. Et se rassure : « OK, c’est bon, je peux faire les deux ». Pour réussir, le jeune homme s’impose alors une discipline de fer.

« J’étais à la bibliothèque toute la journée. Après, je faisais mon entraînement, même s’il pleuvait ou qu’il faisait froid. J’ai toujours réussi à progresser, malgré mon programme de cours. Je mangeais au resto U matin, midi et soir. Même si c’était un peu gras, c’était au moins équilibré et ça me faisait gagner du temps », se souvient le coureur de demi-fond, qui réussit à conserver ce rythme jusqu’au concours de l’internat. « Là, avec les gardes à assurer en plus des stages, je me suis dit que ça allait vraiment être compliqué. » Mais le jeune athlète serre les dents pendant deux ans et enchaîne les performances.

Bascule dans une autre catégorie

Jusqu’à cette médaille de bronze décrochée en 2022, à Munich, qui lui ouvre les portes des sponsors et des aides financières. Yann Schrub bascule alors dans une autre catégorie. « Cette troisième place sur le podium n’est pas arrivée comme une surprise, mais quand même un petit peu. Le sport est fait d’aléas et ça peut se jouer à rien », confirme-t-il. À partir de ce moment, la qualification aux Jeux olympiques de Paris est devenue son objectif premier. D’autant qu’elle est véritablement à portée de foulée. Pour les préparer au mieux, l’interne en médecine générale demande (et obtient) une césure de deux ans à la faculté de médecine de Nancy.

Pendant cette préparation « journalière hyper-rigoureuse », Yann n’a pas manqué d’échanger avec deux de ses camarades qui, comme lui, cumulent études de médecine et sport de haut niveau. Margot Chevrier, perchiste de 24 ans, externe en 5e année à Bordeaux et préqualifiée pour les JOP. Et Gabriel Bordier, interne en 9e année de rhumato qui, lui, défendra les couleurs tricolores dans l’épreuve individuelle du 20 km marche et le relais mixte.

Avec Margot Chevrier et Gabriel Bordier, qui cumulent aussi études de médecine et sport de haut niveau, on se soutient, on se donne des “tips” pour gérer les deux de front

Yann Schrub

« Avec Margot et Gabriel, on a trouvé dès le début des sujets de conversation en commun. Les relations sont un peu plus fortes avec les gens qui sont en médecine qu’avec les autres. On se soutient mutuellement. Comme nous sommes tous les trois en période de césure, on parle moins de médecine. Mais à l’époque, quand on était en stage, on parlait des QCM et on se donnait des “tips” pour savoir comment faisaient les autres pour gérer les deux activités de front et récupérer au mieux », se souvient celui qui est toujours resté fidèle au club Athlé sports Sarreguemines arrondissements (Assa) de ses débuts. Aujourd’hui, Yann garde les yeux rivés sur la ligne d’arrivée et compte bien dépasser son record de 27 min 47 s 13 sur 10 000 mètres, qui l’a hissé sur le toit de l’Europe à Munich. À l’automne, il entend terminer son cursus de médecine pour devenir médecin du sport… tout en conservant les prochains JO de Los Angeles en 2028 dans un coin de la tête.


Source : lequotidiendumedecin.fr