Jeudi 5 août à 9h30, Gabriel Bordier participera à Tokyo à l'épreuve du 20 km marche des Jeux Olympiques. Un champion au parcours atypique, qui vient d'achever sa 6e année de médecine.
À 23 ans, Gabriel Bordier cumule des études de médecine à la faculté d'Angers et un titre de double champion de France en 10 km et 5 km marche. Inscrit dès 5 ans en club d'athlétisme, l'étudiant originaire de Mayenne se spécialise dès ses 15 ans dans la marche. Un an plus tard, il participe à son premier championnat.
Un bac S en poche, Gabriel Bordier s'oriente vers des études de médecine, par goût des sciences de la vie d'abord – sa mère est infirmière – mais « aussi un peu par curiosité et par esprit sportif, pour l'aspect compétition du concours », sourit le jeune athlète.
Un emploi du temps aménagé
En première année, Gabriel Bordier freine un peu sur l'athlétisme. « Je ne voulais pas prendre de risques et me concentrer complètement sur le concours ». Une parenthèse d'un an, vite oubliée une fois l'examen en poche. La suite de ses études, il les poursuit entre révision, stages hospitaliers et entraînements. « La faculté d'Angers m'a permis certains aménagements au niveau des cours. J'ai pu aussi étaler mes deux semestres de 5e année sur 2 ans au lieu d'un », précise le futur interne.
À l'époque, le sportif a l'ambition de passer le premier semestre 2020 loin des bancs de la fac, pour préparer à temps plein les Jeux Olympiques, alors prévus en juillet 2020, « je voulais être frais, dans ma tête et dans mes jambes. Puis le Covid nous est tombé dessus », se souvient-il. En quelques semaines, « plus de stage, plus de cours, plus de compétitions… ». Gabriel Bordier demande alors à intégrer, pendant le premier confinement, le service de gériatrie du CHU d'Angers. Il y restera jusqu'en juin.
Le sport comme relaxant
Cette année, Gabriel Bordier l'a finalement passée à alterner entre préparation des ECN et des Jeux Olympiques. Deux épreuves ultimes et redoutées, que le marcheur a pourtant abordées sereinement : « j'ai un peu manqué de temps, comme tous les étudiants, mais je n'ai pas changé ma façon de travailler », explique-t-il, habitué depuis des années à faire coexister sport et révision. Dès l'hiver, les journées restaient néanmoins millimétrées : stage de rhumatologie puis dermatologie le matin, athlétisme l'après-midi « puis la soirée révision, et conférences universitaires en parallèle ».
« Le sport et les études sont complémentaires. Les entraînements me permettent de décompresser, ne plus penser aux partiels. Mais les études m'aident à me détacher de la compétition, d'aborder l'athlétisme de manière plus sereine, avec beaucoup moins de pression, car je sais que quoi qu'il arrive, je ne joue pas ma vie. J'ai toujours la médecine à côté », analyse le sportif de haut niveau, qui conseille à tous les futurs médecins d'entamer une activité en parallèle de leurs études. Qu'elle soit sportive ou non.
Dans les études de médecine, comme dans les championnats, Gabriel Bordier retrouve la passion « d'aller chercher au bout de soi-même, de se donner complètement dans l'effort qu'il soit physique ou mental ». Classé 552 sur plus de 9 000 aux ECNi, le futur interne entend choisir la rhumatologie l'année prochaine. Toujours à Angers.
120 km par semaine
En attendant d'intégrer un service de rhumatologie, Gabriel Bordier prépare ses premiers JO, qui se dérouleront cette année sans public. Une dernière semaine de préparation ponctuée chaque jour par 15 à 23 km de marche, des séances de musculation et de footing. « Sur une semaine, je marche en moyenne 100 à 120 km, soit une dizaine d'heures d'entraînement, auxquelles s'ajoutent plusieurs heures de musculation », précise-t-il.
Classé 21e mondial dans sa catégorie, Gabriel Bordier reste assez jeune pour l'épreuve du 20 km marche. Son compatriote Yohann Diniz, l'un des meilleurs marcheurs mondiaux a 43 ans. « Plus on se rapproche du marathon, plus les athlètes sont âgés, généralement plus de 25 ans, car il faut du temps pour assimiler les kilomètres et développer son endurance, ses capacités aérobies », indique-t-il. Le champion de France aborde ainsi cette compétition modestement, comme une « première expérience », et avec comme ligne d'horizon les Jeux Olympiques de 2024 à Paris.
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