Valeur pronostique des céphalées

Un effet protecteur paradoxal

Publié le 21/01/2016
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Les céphalées sont un symptôme très fréquent au cours de l’hypertension artérielle (HTA). Dans la population générale, il existe un surrisque d’accident vasculaire cérébral chez les sujets ayant des migraines avec aura, mais la valeur pronostique des autres types de céphalées est toujours débattue.

D’où l’intérêt porté à une « étude menée sur la cohorte historique OLD HTA, mise en place à Lyon dans les années 1970 par les Prs Hugues Milon et Alain Froment », a rappelé le Dr Michael Serraille.

L’analyse porte sur 1 914 patients, qui ont répondu à un questionnaire standardisé et ont eu une mesure de la pression artérielle clinique, un bilan biologique, un fond d’œil et un ECG.

Au total, 1 064 patients ont rapporté des céphalées, qui ont été distinguées en 3 types : migraine, céphalées quotidiennes, et autres. Comparativement aux hypertendus sans céphalées, les céphalalgiques étaient plus souvent des femmes, moins souvent des fumeurs, leur pression artérielle systolique était de 5 mm Hg plus élevée et la diastolique de 6 mm Hg. Une HTA secondaire était plus fréquente, tout comme les rétinopathies sévères. La prévalence du diabète était moindre.

Meilleure survie à 30 ans

Après régression logistique multivariée, le sexe féminin, la pression artérielle diastolique et la rétinopathie sévère étaient associés à la présence de céphalées, de quelque type que ce soit. De façon paradoxale, car leur phénotype est plus sévère, les hypertendus avec céphalées ont une meilleure survie à 30 ans que ceux sans maux de tête, que l’on considère la mortalité cardiovasculaire (RR = 0,80) ou la mortalité globale (RR  = 0,82).

Parmi les sujets avec céphalées, ce sont ceux qui ont des douleurs quotidiennes qui ont le meilleur pronostic, comparativement à ceux se plaignant de migraine (RR 0,85 pour la mortalité globale et de 0,78 pour la mortalité cardiovasculaire) et à ceux rapportant d’autres types de maux de tête (RR de 0,73 pour la mortalité globale et cardiovasculaire).

Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer ce résultat : une prise en charge médicale plus précoce, une meilleure observance thérapeutique, ou encore une meilleure réponse au traitement antihypertenseur.

D’après la communication du Dr Michael Serraille (Lyon)
Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9464