Citoyens opposés aux restructurations hospitalières de toute la France, unissez-vous ! Ainsi pourrait-on résumer les trois jours des états généraux des maternités qui se sont tenus au Blanc, dans l’Indre, du 22 au 24 mars, à l’initiative du collectif « C pas demain la veille » et de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité.
Au total, 16 comités en provenance des quatre coins du pays avaient fait le déplacement sous le soleil pour ce premier week-end de printemps placé sous le signe de la lutte. Car en dépit de son apparente inéluctabilité, nombre d’usagers résistent toujours à la vague de fermeture de maternités qui s’abat sur la France depuis plus de vingt ans (40 % des établissements concernés sur cette période).
Aux états généraux, certains comités cherchaient du soutien, comme celui de Thann (Haut-Rhin) où la maternité est en sursis (lire page 2), d’autres plutôt du réconfort ou de l’espoir comme celui de Bernay (Eure), dernière maternité à avoir mis la clé sous la porte, le 11 mars. Mais tous étaient déterminés à faire de cet événement fédérateur l’acte fondateur d’une résistance unie face aux restructurations hospitalières qui se profilent.
Pour beaucoup, aux inquiétudes liées au futur label « hôpital de proximité » (sans obstétrique) et à la réforme programmée des autorisations d'activité, s’ajoute une rancœur à l’égard d’Agnès Buzyn après ses propos sur la dangerosité des petites maternités. « Ses déclarations sont très mal vécues par les soignants », explique une habitante du Blanc en colère. Et de poursuivre : « Elle jouit d’une impunité insupportable ! »
« Macron accouche »
Ni la date ni le lieu n’avaient été choisis au hasard. Les états généraux étaient organisés neuf mois après la suspension forcée des accouchements au centre hospitalier du Blanc – d’où l’intitulé provocateur donné à l’événement : « Macron accouche ».
Dans cette commune de 6 500 habitants, les collectifs citoyens multiplient les actions depuis le mois de juin pour maintenir la maternité. Manifestations, opérations ville morte, occupation des locaux… Certains d’entre eux sont même montés à Paris pour défiler place de la République déguisés en servante écarlate (en référence au roman de science fiction). En vain, le 19 octobre, le conseil de surveillance de l’hôpital de Châteauroux – pilote du GHT auquel est rattaché le centre hospitalier du Blanc – votait l’arrêt définitif des accouchements.
Faire du bruit
Pour ne pas voir l’histoire se répéter, les collectifs ont décidé de s’unir. « Il faut se faire voir et se faire entendre ! », harangue Anne, membre du comité organisateur, en ouverture des états généraux. Le ton est donné. Concert de soutien le vendredi, défilé le samedi, mise en scène devant l’hôpital le dimanche, le tout entrecoupé de tables rondes : le week-end a été dense pour les quelque 150 participants. En journée, des ateliers de réflexion étaient organisés pour trouver de nouveaux moyens d’action et synthétiser les revendications des participants.
Le manifeste qui en découle (réclamant des hôpitaux de territoire de plein exercice et un délai d'accès au service public de santé gravé dans la loi) a été mis en ligne et jouit déjà de plus de 1 500 signataires parmi lesquels des personnalités comme les Drs Patrick Pelloux et Gérald Kierzek, la sénatrice communiste Laurence Cohen (Val-de-Marne) ou le député Jean Lassalle (Pyrénées-Atlantiques).
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