En Métro, bus et tramway

Les médecins du travail ont un ticket

Publié le 07/12/2015
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la santé des professionnels de la RATP : de la fatigue à... la qualité de l'air

la santé des professionnels de la RATP : de la fatigue à... la qualité de l'air
Crédit photo : AFP

Pas moins de 70 médecins, regroupés dans une unité santé-travail à la RATP, se focalisent sur les cas difficiles et vont sur le terrain, y compris de nuit, pour voir les conditions dans lesquelles les agents exercent. Une expertise qui se développe et se partage : le réseau des transports terrestres a aussi son réseau mondial de médecins coordonnateurs.

Valérie Jouannique vient de participer cette année au congrès à Berlin pour échanger avec ses confrères médecins du travail du monde entier sur les dernières techniques de détection de la fatigue, des addictions et partager les solutions dénichées pour mieux gérer le stress et les répercussions des agressions dans les transports.

« La prévention des agressions est une problématique importante dans le monde des transports. À la RATP nous avons monté une cellule de prévention des risques psychosociaux avec l’Institut d’accompagnement psychologique et de ressources, un organisme qui nous aide à gérer ces problèmes de plus en plus fréquents », explique Valérie Jouannique. Un travail de prévention concret qui doit amener une équipe de contrôleurs à sentir le plus tôt possible ce qui peut faire dégénérer une situation. Changement de posture, arrêt d’un contrôle : la gestuelle et la manière de parler aux personnes pour éviter de basculer dans la violence font l’objet d’un travail minutieux. Les médecins du travail de la RATP y participent ; ils sont en première ligne pour prendre en charge les chocs psychologiques vécus par le personnel.

Curieusement, ce ne sont pas les incidents les plus violents qui auraient plus de répercussions sur la santé des agents. Crachats et insultes, violences verbales et mépris causent, jour après jour des dégâts considérables. « Nous pouvons retirer instantanément les personnes du milieu de travail où le problème s’est posé, en les reclassant définitivement ou leur permettant de faire autre chose, le temps de se reconstruire », poursuit Valérie Jouannique. Une vigilance pour les éloigner d’abord du risque, en prenant en charge l’agent et l’équipe. Des mesures de précaution possibles à la RATP dotée d’un solide système de reclassement. « Dans le privé, on est obligé de prononcer une inaptitude définitive au bout de 15 jours, à la RATP les salariés ont droit à un an d’inaptitude provisoire pour retrouver un autre poste », affirme Valérie Jouannique.

Un train d’avance sur le DMP

« À l’heure actuelle, nous renouvelons nos logiciels en basculant vers le dossier médical totalement informatisé en mettant en place un système de recueil systématique des informations sur la santé », insiste Valérie Jouannique. Des informations qui lui permettront de faire de la recherche à plus grande échelle, une convention signée avec l’InVS devant accélérer ces travaux dans les années qui viennent. « Nous avons l’indépendance technique pour aller beaucoup plus loin en épidémiologie et l’allégement du rythme des visites médicales de routine va le faciliter puisque notre collaboration avec des organismes extérieurs reconnus nous permet de faire bouger des montages », poursuit-elle.

Le Dr Jouannique estime encore que les médecins du travail vont être les seuls à pouvoir s’intéresser de près aux signaux faibles dans les années qui viennent. Des travaux de recherche qui enrichissent la connaissance. Une étude sur la mortalité conduite cette année vient, par exemple, de mettre en évidence une sous-mortalité de l’ordre de 34 % des conducteurs de métro par rapport à ceux des autobus et des tramways. Un résultat alarmant qui amène aujourd’hui le service de santé au travail de la RATP à accélérer ses travaux sur la qualité de l’air. Des pistes de recherches ambitieuses qui intéressent désormais l’ensemble de la communauté médicale et scientifique.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9456