Maladie de Parkinson

L’ère de la rééducation

Publié le 17/10/2013
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La rééducation doit intervenir précocement dans la maladie de Parkinson, dès le début de la maladie, lorsque les patients sont encore capables de marcher, de se lever d’une chaise bras croisés… etc. Aux stades plus avancés, les difficultés cognitives s’ajoutent aux troubles moteurs et les malades ne peuvent plus faire de la rééducation active; il s’agit alors d’une réadaptation, où les aidants apprennent les techniques permettant de compenser le handicap et de réduire les risques chutes. À cette partie activité physique proprement dite, s’ajoute un autre volet avec l’aménagement de l’habitat et de l’environnement du patient sous la houlette de l’ergothérapeute. Depuis 10-15 ans, une abondante littérature indique, sur des modèles animaux de Parkinson, qu’un travail physique intensif, quotidien et prolongé génère la dopamine endogène et protégerait les voies nigrostriatales contre leur propre dégénérescence. La neuroprotection par l’exercice physique est plus difficile à prouver chez l’homme, où les études seront longues, coûteuses en temps et en personnel, et le maintien de l’activité physique au long cours toujours problématique. Une étude menée à Créteil, avec une heure de rééducation à domicile 3 fois par semaine pendant 8 semaines montre sur les vidéos qui seront présentées à la SOFMER des effets majeurs sur le plan fonctionnel ; l’activité physique soutient largement la comparaison avec les autres traitements… tout en étant d’une totale innocuité !

La communauté rééducative doit se réinvestir dans le Parkinson

"Nous avons un gros travail d’enseignement et de formation vis-à-vis des médecins – neurologues, généralistes, gériatres mais aussi de praticiens de médecine physique et réadaptation- ainsi que des kinésithérapeutes sur les résultats de la rééducation dans la maladie de Parkinson" indique le Pr Gracies.

Il faut savoir la prescrire mais aussi la pratiquer à bon escient, car elle n’a d’impact que si elle est prolongée et intensive. Or "on travaille toujours selon les concepts de respect de la douleur mais aussi de la fatigue, certes louables mais qui ne permettent pas de travailler en intensité, c’est-à-dire avec des difficultés vécues pendant l’exercice et de la fatigue à la fin" avertit le Pr Gracies. "Chez l’homme, on constate un bénéfice après 8 semaines de pratique du vélo à 20 % au-delà de la vitesse préférée de pédalage, mais aucun si on se contente de la vitesse préférée. Il y a donc très nettement un effet "dose" de la rééducation".

Le médecin de médecine physique et réadaptation est celui qui passe le plus de temps avec son patient et est parfois amené à réajuster un diagnostic qui reste très difficile. "Les médecins doivent savoir ne pas étiqueter le patient dans l’urgence. Si la rééducation est toujours possible, il faut se garder de trancher trop précipitamment entre maladie de Parkinson idiopathique et syndromes parkinsoniens atypiques qui bénéficient beaucoup moins ou pas du tout du traitement par dopamine" alerte le spécialiste.

D’après un entretien avec le Pr Jean-Michel Gracies, Service de Rééducation Neurolocomotrice, Henri Mondor

 Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du Médecin: 9272