Régénération du muscle cardiaque

Le BNP, un rôle modulateur

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Publié le 03/05/2018
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Le BNP, peptide natriurétique de type B, est une « neurohormone » cardiaque découverte en 1988 au niveau du cerveau de porc, ce qui explique sa dénomination initiale de brain natriuretic peptide. Quelques années plus tard, il a été mis en évidence dans le cœur humain, où il est synthétisé essentiellement dans les myocytes du ventricule gauche (1). Cela explique pourquoi il est actuellement considéré comme préférable de l’appeler peptide natriurétique de type B plutôt que brain natriuretic peptide.

Il existe plusieurs peptides natriurétiques, de structures moléculaires voisines, les principaux étant ceux de types A, B et C. Toutefois, ce dernier étant sécrété non par les myocytes cardiaques mais par l’endothélium vasculaire, il n’est pas considéré comme un peptide natriurétique cardiaque. Tous ont une structure commune formée d’un anneau de 17 acides aminés, essentiel pour la fixation au récepteur et l’activité biologique.

Comme la troponine cardiaque, le BNP a la propriété d’être sécrété presque uniquement par le cœur. Son taux circulant constitue ainsi un reflet assez spécifique du fonctionnement ou dysfonctionnement cardiaque. Son taux de synthèse est pratiquement nul dans le cœur sain. Le stimulus principal de sa synthèse est d’ordre mécanique : il s’agit de la contrainte pariétale ventriculaire, laquelle dépend de la volémie, des pressions intraventriculaires, du remodelage et de l’élasticité ventriculaires. Cela rend compte de la corrélation entre l’augmentation de son taux sanguin et la gravité de l’insuffisance cardiaque (2).

Le BNP a un effet diurétique, natriurétique et vasodilatateur. Il exerce donc une action antagoniste de celle des systèmes rénine-angiotensine-aldostérone et sympathique. Son rôle permet de compenser en partie la surcharge hydrique et l’élévation des résistances systémiques induites par l’insuffisance cardiaque.

L’ensemble de ces découvertes a ainsi validé le concept, émis par Eugene Braunwald dans un éditorial publié dans les années 60, peut-être avec une pointe d’humour, selon lequel le cœur est « un organe endocrine » (3).

Un outil de médecine régénérative ?

Afin de mieux comprendre la nature des cellules capables de répondre au peptide natriurétique de type B et d’identifier la voie de signalisation impliquée, des travaux expérimentaux ont été menés. Ils ont montré que l’injection de BNP sur cœur sain et après infarctus myocardique stimule les cardiomyocytes exprimant la protéine kinase Aurora B (4). Or, cette protéine kinase appartient au complexe dit passager, ainsi nommé parce qu’il voyage des chromosomes vers le cytosquelette. Ce complexe est un élément essentiel de la régulation de la mitose. Aurora B est en effet un « agent double » qui contrôle la séparation de la chromatine des télomères mais aussi des centromères (5).

De tels travaux permettent de mieux comprendre les mécanismes de différenciation cellulaire cardiaque, mais aussi le caractère prometteur de nouvelles pistes thérapeutiques dans le traitement de l’insuffisance cardiaque.

Table ronde « Cell therapy and tissue regeneration »
(1) Mukoyama M et al. J Clin Invest 1991;87(4):1402-12
(2) Volpe M et al. Clin Sci (Lond) 2016;130(2):57-77
(3) Braunwald E et al. Am J Med 1964;36:1-4
(4) Bon AC et al Arch Cardiovasc Dis Suppl 2018;10(2):214
(5) Reyes C et al. J Cell Biol 2015;208(6):713-27

Dr Gérard Bozet

Source : Le Quotidien du médecin: 9662