Alors que la tendance est de plus en plus à réduire les durées des antibiothérapies, la longueur idéale des traitements pour les infections urinaires basses chez l’homme reste discutée, les études étant jusque-là parcellaires et rétrospectives. Mais des essais randomisés récents apportent des éléments solides au débat, comme l'a expliqué le Dr Matthieu Lafaurie (hôpital Saint-Louis, Paris), lors du 116e Congrès français d’urologie (AFU, Paris, 16-19 novembre).
Au vu des dernières données, « une infection urinaire non fébrile se traite pendant 7 jours », estime l'urologue. À ce titre, « il est possible d’utiliser les fluoroquinolones (ofloxacine, lévofloxacine, ciprofloxacine) et le cotrimoxazole mais également d’autres antibiotiques comme le pivmécillinam, la nitrofurantoïne ou la fosfomycine trométamol, même s’ils diffusent moins facilement dans la prostate ; un intérêt qui reste par ailleurs à démontrer. »
La fièvre comme juge de paix
Concernant l’infection urinaire fébrile, une étude décisive coordonnée par le Dr Lafaurie et en phase de soumission devrait trancher le débat, concluant que la durée de l’antibiothérapie doit être de 14 jours au minimum, afin de maximiser le succès clinique et microbiologique.
« Dans cet essai de non-infériorité multicentrique randomisé, en double aveugle, contrôlé contre placebo, nous avons inclus 240 hommes de plus de 18 ans souffrant d’une infection fébrile documentée par une fièvre de 38 °C ou plus, des signes cliniques d’infection et une leucocyturie au moins supérieure à 10/mm3 et une durée des symptômes de moins de 3 mois, détaille-t-il. Les patients recevaient soit de l’ofloxacine, soit de la ceftriaxone ou du céfotaxime. Nous montrons de façon nette que pour une durée de 7 jours, le taux de succès clinique est de 55,7 % et, pour une durée de 14 jours, celui-ci atteint 77,6 % ». Ceci sans différence en termes d’effets indésirables ni de sélection de germes résistants. Les facteurs prédictifs de succès sont un âge inférieur à 50 ans et un traitement de 14 jours. Un argument massue qui soutient qu’en cas d’infection urinaire fébrile, une durée de 7 jours est insuffisante.
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