Le Généraliste. Quelle est votre attitude vis-à-vis des génériques ?
Dr Claude Leicher Je prescris systématiquement en DCI en expliquant au patient que c'est une règle de bonne conduite qui permet de protéger les finances collectives de l'Assurance Maladie. S'ils ne veulent pas de génériques, je leur dis que c'est un effort que nous devons faire et, s'ils insistent, qu'ils peuvent changer de médecin.
Pour les antiépileptiques je prescris des génériques depuis toujours et je n'ai aucun souci particulier. Des neurologues disent que cela entraîne plus de risques de crises. Mais toutes les études scientifiques montrent que ce n'est pas vrai. Quant à la bioéquivalence, on sait très bien que la biodisponiblité des médicaments princeps peut varier de 5 % selon les lots. La substitution par les génériques ne change rien.
Que pensez-vous des réserves émises par l'Académie de médecine ?
Dr C.L. Le rapport de l'Académie de médecine nous a beaucoup compliqués la vie. Chaque fois qu'il y a des interventions dans les médias, nous devons reprendre tout à zéro avec certains patients. Il faut arrêter ces polémiques purement françaises sur les génériques. C'est la même chose que pour les vaccins. Un autre problème est que nos confrères hospitaliers ou spécialistes ne jouent pas toujours le jeu des génériques.
On peut comprendre que les patients aient moins confiance en un médicament que le pharmacien a changé…
Dr C.L. Absolument. C'est perturbant pour les patients. Nous payons les erreurs commises en 2000, lorsqu'un certain nombre de syndicats médicaux ont refusé la politique du générique. Dans cette affaire, ce sont les médecins eux-mêmes et un certain nombre de leurs représentants qui ont « perdu » ce marché. C'était une énorme bêtise que d'abandonner le choix du produit délivré au pharmacien. Mais si les médecins prescrivaient tous en DCI, il n'y aurait plus de substitution par le pharmacien.
*Médecin généraliste à Etoile-sur-Rhône (Drôme) et président de MG France.
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« Il faut arrêter ces polémiques purement françaises »
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