Les annonces de François Hollande sur la fin de vie ont été diversement accueillies. Le président a indiqué qu’il attendait les conclusions du Comité consultatif national d’éthique dans les prochaines semaines. Il a aussi précisé que la ministre de la Santé « fera les consultations nécessaires pour qu’un accord le plus large possible puisse être trouvé sur un texte de loi ».
Sur le texte lui-même, il a formulé le souhait qu’il « puisse être élaboré sans polémiques, sans divisions et simplement dans l’idée qu’un cheminement est possible pour rassembler toute la société. Il s’agit de permettre à toute personne majeure et consciente, atteinte d’une maladie incurable provoquant une souffrance psychologique, physique insupportable et qui ne peut être apaisée, de pouvoir demander, dans des conditions strictes, une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ».
Engagements de campagne
Le président de l’Association pour le Droit de mourir dans la dignité (ADMD) Jean-Luc Romero, s’étonne d’une telle volonté de consensus. « Il n’y a pas de grande loi de société dans le consensus mou », a-t-il estimé. « Les questions de société - interruption volontaire de grossesse (IGV), abolition de la peine de mort, mariage pour tous – n’appellent pas l’unanimité. C’est toujours une erreur car cela conduit à une loi a minima ne satisfaisant personne et laissant trop de place à l’interprétation », a-t-il ajouté.
L’urgentiste de Bayonne Nicolas Bonnemaison, qui doit comparaître devant la cour d’Assises des Pyrénées-Atlantiques en juin pour l’empoisonnement de sept patients en fin de vie, des actes qu’il a assumés, estimant qu’il devait juste mettre fin à des souffrances extrêmes, s’est dit « heureux » que François Hollande « n’ait pas oublié ses engagements de campagne ». Sollicité par l’AFP, il déclare souhaiter « que la loi évolue dans de brefs délais ».
Auteur d’un rapport remis en 2012 au président sur la fin de vie, le professeur Didier Sicard a pour sa part estimé qu’une loi sur ce sujet « est très difficile à écrire » car la mort ne peut « pas être un droit », dans une interview au « Figaro ». Mais il a également reconnu qu’une aide médicalisée au suicide « pour une personne en fin de vie et en situation de détresse » pouvait « contribuer à ce qu’elle puisse mourir le plus dignement possible ». Le député UMP Jean Leonetti, auteur de la législation actuelle sur la fin de vie, a jugé pour sa part que le président de la République « reste flou et ne favorise pas la clarté nécessaire au débat public sur ce sujet complexe ».
Le cas Vincent Lambert
L’annonce élyséenne survient alors que le débat sur la fin de vie vient d’être relancé au CHU de Reims. Samedi, à l’issue de plusieurs réunions collégiales entre les médecins et les membres de la famille proche de Vincent Lambert, le Dr Éric Kariger qui dirige le service de médecine palliative du CHU de Reims a annoncé sa décision d’arrêter prochainement les traitements de nutrition et d’hydratation artificielles du patient tétraplégique en état de conscience minimale. Comme au mois de mai 2013, lors de la première décision d’arrêt, les parents, une sœur et un demi-frère de Vincent ont saisi la justice lundi par un référé-liberté pour stopper la décision médicale et obtenir le transfert de leur fils dans un autre établissement hospitalier, alors que sa femme Rachel, ainsi que sept autres membres de cette famille recomposée soutiennent les médecins. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne qui devait se prononcer ce mercredi a finalement décidé de se donner le temps de la réflexion et de se prononcer jeudi.
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