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Dossier

Plus d'une centaine de Maisons Sport-Santé labellisées : jouer la proximité pour soigner avec l’activité physique

Par Charlène Catalifaud - Publié le 10/02/2020
Plus d'une centaine de Maisons Sport-Santé labellisées : jouer la proximité pour soigner avec l’activité physique

Une réduction du risque de récidive et un allègement du traitement médical
SEBASTIEN TOUBON

Pour encourager l’activité physique auprès des publics les plus éloignés de la pratique, les ministères de la Santé et des Sports ont certifié 138 Maisons Sport-Santé. Leurs missions : orienter les usagers – en bonne santé ou bien atteints de maladie chronique – vers une pratique personnalisée en toute sécurité.

Les ministères de la Santé et des Sports ont récemment annoncé la labellisation de 138 Maisons Sport-Santé (MSS) dans le cadre de la Stratégie nationale Sport-Santé 2019-2024. Alors que les bénéfices de l’activité physique ne font plus aucun doute en termes de prévention primaire, secondaire et tertiaire, ce dispositif vise à promouvoir l’activité physique et sportive auprès des populations les plus éloignées d’une telle pratique.

Ouvertes à tous, les MSS s'adressent tout particulièrement aux personnes en bonne santé désireuses de reprendre une activité de manière encadrée et aux personnes ayant une maladie chronique ou une affection de longue durée (ALD).

Établissement public, salle de sport privée ou encore plateforme numérique, les MSS sont variées et présentes dans la quasi-totalité des départements. « Nous souhaitions valoriser des dispositifs existants en retenant les structures qui répondent à un cahier des charges bien précis. Les MSS certifiées s'engagent notamment à mettre en réseau les différents acteurs du sport santé », indique au « Quotidien » Christèle Gautier du ministère des Sports.

Les MSS doivent par ailleurs proposer une évaluation des capacités physiques et une prise en charge individualisées aux usagers, ou bien être en mesure de les orienter vers les structures de proximité adéquates. Un nouvel apppel à projets lancé en mars devrait déboucher sur la labellisation de 500 MSS au total d'ici à 2022.

Intégrer l'AP le sport dans le parcours de soins

Publiée il y a un an, une expertise INSERM, réalisée à la demande du ministère des Sports, met en évidence les divers bienfaits de l'activité physique en prévention secondaire et tertiaire de diverses pathologies (métaboliques, cardiovasculaires, pulmonaires, ostéoarticulaires, mentales et cancer). Les experts encouragent à intégrer l'activité physique dans le parcours de soins le plus précocement possible. Dans le diabète de type 2, l'obésité, la dépression légère à modérée et l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs, l'activité physique est même recommandée en première intention, avant tout traitement médicamenteux. L'activité physique contribue aussi à réduire le risque de récidive et alléger le traitement médicamenteux.

L'expertise insiste par ailleurs sur l'importance d'adapter la pratique aux caractéristiques individuelles du patient. C'est ce que s'attache à faire la structure Mon Stade (dont l'actionnaire majoritaire est la MGEN), située à Paris et récemment labellisée MSS. Mon Stade réunit en un même lieu médecins et préparateurs physiques afin de proposer à chaque usager, du sportif de haut niveau au malade chronique (maladies métaboliques notamment), un bilan de condition physique approfondi comprenant notamment une épreuve d'effort et des tests musculaires. Ce bilan permet au préparateur physique de proposer un plan d'entraînement sur mesure. « Nous proposons aussi une analyse de la composition corporelle à réaliser avant et après le programme d'entraînement, car l'activité physique n'entraîne pas forcément une perte de poids, mais augmente la masse musculaire », explique Mathilde Richard, responsable opérationnelle à Mon Stade.

Une durée d'action de 48 à 72 heures

Généralement, le préparateur physique propose un programme sur 4 mois avec trois séances de 1 heure par semaine. « La fréquence est justifiée par la durée d'action de l'activité physique qui est de 48 à 72 heures, et nous estimons que quatre mois sont nécessaires pour avoir des premiers résultats et convaincre ainsi des bienfaits de l'activité physique », note le Dr Roland Krzentowski, médecin du sport et président de Mon Stade. L'idée étant que l'activité physique devienne une habitude au-delà du programme.

« Les séances se font par petit groupe de sept personnes maximum, nous nous adaptons à chacune d'entre elles pour les faire gagner en autonomie et en intensité avec des exercices pour augmenter les capacités aérobies et du renforcement musculaire », décrit Jules Frossard, l'un des préparateurs physiques de Mon Stade.

En plus des bénéfices sur la maladie elle-même, l'activité physique améliore la qualité de vie et l'estime de soi. Patrick, 63 ans, diabétique et ayant subi un quadruple pontage, est engagé dans un programme à Mon Stade depuis quatre mois. Il n'a pas loupé une séance : « Je sors toujours satisfait des séances. J'en ressens le bénéfice au quotidien, je me sens plus en forme. Mon rapport au corps a changé », témoigne-t-il.

Malgré la loi de 2016 encadrant la prescription de l’activité physique adaptée pour les affections de longue durée, le « sport sur ordonnance » ne donne pas encore lieu à une prise en charge par l’Assurance maladie. Seule avancée récente : le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2020 prévoit une prise en charge d’un bilan des capacités physiques dans le cadre d’un forfait de soins global après le traitement d’un cancer (à noter que les séances en elles-mêmes ne sont pas prises
en compte).

Les complémentaires santé et les mutuelles peuvent proposer une prise  en charge au moins partielle des séances d’activté physique adaptée prescrites par un médecin. Les collectivités territoriales se sont également emparées de la question : certaines d’entre elles apportent des aides financières.

Si le sport sur ordonance peine à entrer pleinement dans les pratiques, « les travaux sont engagés pour documenter les modalités de prise en charge de l’activité physique adaptée dans les parcours de soins des ALD », avance Christèle Gautier, invitant par ailleurs à poursuivre les efforts concernant la formation continue des médecins.
 

 

Charlène Catalifaud