Alors que l’organisation Médecins sans frontières a tiré la sonnette d’alarme en début de semaine estimant la propagation du virus « hors de contrôle » et réel « le risque de voir de nouveaux pays touchés », l’inquiétude grandit dans le monde quant à une extension de l’épidémie d’Ebola hors du sol africain.
Après les Britanniques qui ont évoqué une « menace » et Hong-Kong qui a annoncé une possible mesure de quarantaine, Marisol Touraine s’est à son tour exprimée mercredi sur le sujet, estimant que la France « a les moyens de faire face à Ebola » tout en prônant « une extrême vigilance ». L’épidémie actuelle s’est déclarée au début de l’année en Guinée avant de gagner le Liberia puis la Sierra Leone, trois pays qui totalisaient au 23 juillet 1 201 cas et plus de 670 morts, selon le dernier bilan de l’OMS.
L’Europe se mobilise davantage
La Commission Européenne a décidé le 30 juillet d’apporter 2 millions d’euros supplémentaires d’aide pour contenir l’épidémie, ce qui porte l’aide totale de l’institution à 3,9 millions d’euros. Les fonds alloués transiteront par l’Organisation mondiale de la santé, qui coordonne la surveillance épidémiologique, ainsi que par Médecins sans Frontières, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge.
« Le niveau de contamination sur le terrain est extrêmement préoccupant et nous devons intensifier notre action avant que ne soient perdues de nombreuses autres vies », a déclaré la commissaire en charge de l’Aide humanitaire, Kristalina Georgieva qui a rendu hommage aux personnels de santé qui luttent contre l’épidémie « prenant de grands risques pour leur santé ».
La France insiste sur la prévention
La ministre de la Santé française a rappelé mercredi qu’« aucun cas importé n’a été signalé à ce jour (en France). À l’heure actuelle, le risque d’importation du virus en Europe et en France est faible ». Marisol Touraine a estimé qu’il faut insister sur la prévention, c’est-à-dire sur la mise à disposition de « recommandations pour ceux qui se rendent dans les pays concernés ».
Le dispositif de veille sanitaire a été mis en alerte afin de « sensibiliser les professionnels de santé au diagnostic et aux modalités de prise en charge au cas où un malade se présenterait souffrant de fièvre et rentrant de l’un des pays concernés ».
Le Nigeria en alerte
Suite au contact de deux de ses bénévoles avec une personne contaminée, une organisation d’aide américaine, Peace Corps, a annoncé le 30 juillet qu’elle retirait ses bénévoles du Liberia, de Sierra Leone et de Guinée. La diplomatie américaine a d’ailleurs confirmé le décès à Lagos (Nigeria) d’un ressortissant de 40 ans, également de nationalité libérienne, de passage dans la ville la plus peuplée d’Afrique pour une conférence internationale.
Le Nigeria se mobilise ainsi, mis en alerte par ce premier cas répertorié qui lui fait craindre un début d’épidémie dans le pays. Les Nigérians doutent de la capacité de leur pays à faire face au virus et en appellent à l’aide internationale. Les infrastructures publiques ne sont pas adaptées, comme l’a avoué elle-même une conseillère spéciale du gouvernement de Lagos pour la Santé, Yewande Adeshina, qui s’est déclarée soulagée que le Libérien ait fait le choix d’une clinique privée « parce que je ne suis pas sûre que beaucoup de nos hôpitaux soient vraiment préparés ». Les autorités nigérianes ont par ailleurs relayé des messages contradictoires, laissant penser qu’ils ne maîtrisent pas vraiment la situation.
Un péril africain avant tout
Le Liberia, l’un des pays les plus affectés, a décidé de fermer toutes ses écoles « sans exception », a annoncé mercredi sa présidente Ellen Sirleaf Johnson. Tous les marchés des zones frontalières ont ainsi reçu consigne « de fermer jusqu’à nouvel ordre » et tout le personnel « non essentiel » des administrations et des ministères « de se mettre en congé obligatoire de 30 jours ».
Pour le co-découvreur du virus Ebola, le Pr Peter Piot, la contamination du virus en Afrique est en grande partie liée aux pratiques funéraires et à l’histoire récente du Liberia et de Sierra Leone, qui sortent de décennies de guerre civile. « Il y a un manque total de confiance envers les autorités et, combiné à la pauvreté et aux services de santé médiocres, cela donne, je pense la cause de cette grande épidémie ».
L’absence de port de gants pendant les pratiques funéraires, le corps à laver étant couvert de « vomis, de diarrhée et de sang ». « C’est de cette façon que vous avez de nouveaux foyers de contamination et c’est ce qui se passe en ce moment en Afrique de l’Ouest ».
L’expert, qui a découvert le virus en 1976, ne se dit « pas tellement inquiet de voir le virus se diffuser ici ». Si tant est qu’une personne porteuse d’Ebola voyageait en Europe, aux États-Unis ou dans une autre partie d’Afrique, « je ne pense pas que cela donnerait lieu à une épidémie majeure ».
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