LES QUATRE MOLÉCULES actuellement disponibles dans le traitement de la maladie d’Alzheimer, Donépézil (laboratoire Eisai), Galantamine (Janssen Cilag), Rivastigmine (Novartis Europharm), et Mémantine (Lundbeck), seront-elles encore prises en charge à 65 % par l’assurance-maladie ?
La question est posée depuis que la commission de la transparence (en charge au sein de la Haute Autorité de santé - HAS - de l’évaluation des médicaments) a engagé leur réévaluation.
Interrogé par « Le Quotidien », le patron de la commission de la transparence, le Pr Gilles Bouvenot, précise que la réévaluation a démarré le 20 juillet, date à laquelle un projet d’avis a été rédigé, puis envoyé aux quatre laboratoires. Parmi eux, trois ont décidé d’engager la procédure dite « contradictoire » qui leur permet d’être auditionnés à nouveau pour contester le projet d’avis. Cette attitude indique que la réévaluation ne leur est pas favorable, comme le reconnaît Gilles Bouvenot. Leur audition aura lieu mercredi prochain 19 octobre à la HAS. À son issue, la commission votera à nouveau, mais, pour des raisons de procédure, ne rendra publique sa décision que le 27 ou 28 octobre.
Gilles Bouvenot, qui déplore la « campagne de presse engagée autour de cette réévaluation », rappelle que la confidentialité est de règle en la matière. Son non-respect permettrait aux laboratoires de plaider la nullité de l’avis. Il rappelle également qu’en matière de réévaluation, la règle est d’y procéder tous les cinq ans. « Mais, ajoute-t-il, la HAS ayant suspendu sa recommandation Alzheimer le 19 septembre, c’était une raison supplémentaire de les réévaluer, afin d’aider à sa nouvelle rédaction ».
Transparence.
L’utilité de ces médicaments est très controversée. Des geriatres et neurologues réputés plaident régulièrement la cause de ces produits, d’autres sont beaucoup plus réservés. Le président de MG-France, Claude Leicher, est catégorique. « Les études sur le sujet ont dit que ces médicaments n’avaient strictement aucune efficacité clinique démontrée. La collectivité ferait mieux d’utiliser l’argent dépensé pour les rembourser à une aide financière aux aidants familiaux ». Côté patients, Christian Saout, président du Collectif interassociatif sur la Santé (CISS, usagers) estime que « ces médicaments ne sont pas super-efficaces mais ont le mérite pour les familles de mettre un nom sur la maladie. Enfin, on ne se préoccupe pas beaucoup de l’effet placebo de ces médicaments, tant sur les patients que sur leur entourage ».
Surtout, Christian Saout regrette que la transparence ne soit pas de mise pour ces réévaluations. Les associations de patients ne sont pas consultées. « Cela fait des années que je demande que les associations soient membres de la commission, lui répond Gilles Bouvenot. Mais sa composition est fixée par décret. Bien que la commission n’ait pas le droit d’auditionner les usagers, je le fais dans mon bureau, en amont des réunions. »
Quel sort pour les patients concernés si un SMR plus sévère étaient attribué à ces médicaments ? Pour Gilles Bouvenot, cela ne changerait pas grand-chose pour les patients pris en charge à 100 % au titre de leur ALD, sauf si la commission attribuait carrément un SMR insuffisant (le gouvernement serait alors placé devant la responsabilité de dérembourser). « Ce n’est pas nous qui décidons ou non du déremboursement, mais le ministre, qui n’est pas obligé de suivre nos avis, qui ne sont que consultatifs », rappelle le Pr Bouvenot. Pour beaucoup de responsables de centres de mémoire, où est diagnostiquée la maladie, un déremboursement aurait des effets néfastes, dissuadant nombre de patients d’aller se faire dépister.
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