LES ASSOCIATIONS DE PATIENTS et les familles se sont émues de la perspective d’une réduction du remboursement des médicaments qui ont une AMM dans la maladie d’Alzheimer, et d’une potentielle limitation de leur durée d’emploi, souligne le Pr Ceccaldi. L’Association France Alzheimer a fait paraître un communiqué en ce sens. Une baisse du remboursement n’aurait pas de répercussion chez les patients pris en charge dans le cadre d’une ALD, mais c’est loin d’être le cas de tous.
Ces médicaments, selon ce même spécialiste, ont certes une action modeste, chez une minorité patients. Mais contre la maladie d’Alzheimer, maladie très grave à l’évolution chronique et inéluctable, il n’existe à cette heure pas d’autres moyens, ajoute-t-il. Prescrits dans le cadre de leur AMM, ces quatre médicaments ont des effets secondaires connus et contrôlés. « Dans nos pratiques, avant que ces médicaments arrivent, il n’y avait pas de prise en charge structurée », rappelle ce spécialiste. Le Pr Ceccaldi ajoute que ces médicaments, lorsqu’ils sont apparus, ont été fort utiles pour structurer la prise en charge, ce qui n’était pas le cas antérieurement. « Les traitements proposés ont permis de créer du lien, de dédramatiser pour une part les conséquences de cette maladie douloureuse pour les patients comme pour les familles. »
La difficulté serait qu’il n’existe pas aujourd’hui d’autres médicaments anti-Alzheimer et qu’il n’y en aura sans doute pas avant des années. D’où la nécessité de réfléchir à la manière de prescrire et de suivre les patients à long terme. « Les messages sont assez "confusogènes" pour les malades, les familles et les médecins généralistes », déplore le Pr Ceccaldi
Pour le Pr Jacques Touchon, il n’existe pas de données scientifiques nouvelles permettant de justifier une modification de la prescription et du remboursement de ces médicaments. Les études ont montré une efficacité symptomatique modeste, mais indéniable. « Les déremboursements vont nous faire régresser, juge-t-il. Le médicament cristallise toute une dynamique. Si cette dynamique disparaît, cela va entraîner une dégradation de la prise en charge du patient. »
* Le Pr Mathieu Ceccaldi est président du conseil scientifique de l’Association France Alzheimer et chef du Service de Neurologie de l’hôpital de la Timone à Marseille ; le Pr Jacques Touchon est president du conseil scientifique de la FRC fédération de la recherche sur le cerveau et directeur du département de neurologie des CHU et CHR de Montpellier.
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