Ostéoporose, les généralistes font de la résistance

Publié le 19/04/2019
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Crédit photo : SPL/PHANIE

Durant une session sur les “comportements santé”, deux travaux de thèse sont venus enfoncer le clou sur les lacunes de la prise en charge de l’ostéoporose après une fracture sévère. Même quand des filières d’orthogériatrie sont mises en place et qu’un courrier de sortie indique qu’un traitement doit être initié, les taux de prescription peinent à s’élever. Les chiffres présentés par les Drs Mickaël Massot (Dol de Bretagne) et Hélène Blanchet (Bordeaux) sont conformes à ce que l’on sait déjà : alors que les recommandations françaises préconisent un traitement médicamenteux en cas de fracture sévère, dans la réalité, seule une minorité (moins de 10 % dans la première étude) des patients ayant une fracture de l’extrémité supérieure du fémur en bénéficient dans les 6 mois suivant l’hospitalisation.

Une question de conviction

Les deux études présentées, comme les réactions des médecins présents dans la salle, suggèrent que ces mauvais chiffres ne relèvent pas seulement d’un problème de parcours de soins ou de “négligences”, mais témoignent également d'un manque de conviction de certains médecins vis-à-vis des traitements de l'ostéoporose.

Les freins à la prescription mis en avant sont multiples. L’âge élevé des patients est souvent cité, assorti d’un questionnement sur le rapport bénéfice/risque des traitements dans le grand âge. Dans les travaux présentés en session, les patients les plus âgés avaient d’ailleurs une moindre probabilité d’être traités. À cela s’ajoute la fréquence des polymédications chez ces patients fragiles. Mais c’est surtout la crainte des effets indésirables avec des traitements « n’ayant pas montré de bénéfice clinique solide » qui est pointée par les médecins. Précisons que la seule classe thérapeutique ayant été évoquée est celle des bisphosphonates, dont la liste d’effets indésirables est longue (ostéonécrose de la mâchoire, fracture fémorale atypique, œsophagite, FA, etc.) mais qui gardent selon les experts une balance bénéfice/risque favorable.

En revanche, le traitement préventif par calcium et vitamine D est relativement consensuel. Beaucoup de médecins ont insisté sur la prise en charge non médicamenteuse, idéalement en amont, avec une prescription d’exercice physique et des mesures pour prévenir les chutes.

Dr Catherine Desmoulins

Source : lequotidiendumedecin.fr