Du point de vue des patients et usagers de la santé, comment optimiser la prise en charge de la santé des séniors ?
Gérard Raymond : Il serait bon pour commencer que notre pays dispose d’un observatoire de la santé de sa population. À l’heure actuelle, on manque d’information pointue permettant de définir les besoins pour tel territoire et telle tranche d’âge. Dans un certain nombre de territoires, on perçoit bien que la priorité, ce sont les 50-70 ans qui commencent à se préoccuper de leur santé ou développent des maladies chroniques. Au vu des pathologies qui émergent, on sait aujourd’hui qu'à cet âge, on devient plus à risque de développer un diabète de type 2, une maladie cardiovasculaire ou toute pathologie évolutive, le plus souvent sournoise. On se croit en bonne santé alors que l’on a déjà développé une hyperglycémie chronique. À cet âge, plus encore qu’avant, il devient donc important de se préoccuper du capital santé restant. Dans un contexte de démographie vieillissante, c’est une préoccupation de santé publique.
Que cela implique-t-il pour notre système de soins ?
G. R. : Que l’on réfléchisse tous ensemble, institution, acteurs du système de soins, associations, sans tabous, à transformer le système de soins en véritable système de santé. Un système qui ne soit pas seulement pensé autour de la maladie, mais capable d’accompagner cette population « à risque ». Prendre en charge des 50-70 ans « en bonne santé » pour faire en sorte qu’ils le restent, et ne passent pas forcément par la rédaction d’une prescription de médicaments. Cela implique plus de dépistages, de l’éducation à la santé, des conseils. Et de la prévention : on en parle beaucoup, mais on n’en fait pas assez. Accompagner cette population à risque pour de vrais messages de prévention auxquels elle puisse adhérer : c’est le challenge à relever aujourd’hui. Dans cet accompagnement, le médecin traitant à toute sa place, mais ne doit peut-être pas avoir toute LA place. Cela nécessite une réorganisation des acteurs de soin et un renforcement de la coordination entre eux. On le voit bien pour les maladies chroniques, la prise en charge ne peut reposer sur le seul médecin mais dépend d’une équipe. Prenons le cas d’un diabète de type 2. Le médecin sait que son patient doit perdre 5 kg. Il peut bien le lui conseiller. Encore faut-il qu’il y ait derrière les structures à même d’accueillir et encourager le patient dans cette prescription.
Ces besoins de santé des seniors sont-ils conciliables avec un allongement de la durée du travail ?
G.R. : Certaines personnes peuvent travailler jusqu’à 70 ans en pleine forme. Mais on voit bien aujourd’hui que d’autres, avant cet âge, sont en retraite anticipée ou en longue maladie. Alors imaginer travailler plus longtemps pourquoi pas ? Mais cela nécessite en parallèle du système de santé, de se préoccuper des bonnes conditions de travail. Sans doute faut-il renforcer le rôle des médecins du travail, pour que l’on puisse rester actif, avec un travail aménagé ou adapté. Cela doit aussi impliquer les employeurs. Sans porter de jugement, on se rend en effet déjà compte aujourd’hui combien il est difficile de trouver et de garder un emploi quand on souffre d’une maladie chronique. À 20 ans comme à 50 ou plus, c’est inacceptable !
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