En 2010, de nouvelles recommandations françaises sur le diabète gestationnel (DG) ont conduit à abandonner le dépistage systématique du second semestre par test O’Sullivan et HGPO au profit d’un dépistage précoce, ciblé sur les femmes à risque via un dosage de glycémie à jeun (GAJ) ; une valeur > 0,92 g/l suffisant à poser le diagnostic. Huit ans plus tard, cette stratégie fait débat chez les diabétologues et a toujours du mal à passer chez les généralistes, comme en témoignent les échanges lors du congrès.
Dans une étude menée auprès de 233 généralistes Sarthois et présentée par le Pr Eric Cailliez (Angers), la plupart des praticiens interrogés s’accordaient sur la nécessité de dépister le DG tant pour éviter la macrosomie que pour prévenir un éventuel diabète de type 2 maternel. Mais seuls cinq d’entre eux appliquaient à la lettre les nouvelles recos, la grande majorité faisant un mixte entre anciennes pratiques et nouveaux usages.
Avec, globalement, une relative adhésion au dépistage précoce (67 % des médecins interrogés dépistaient au 1er trimestre) mais une forte résistance au dépistage ciblé (2/3 continuait de dépister en systématique) et de grandes disparités sur la valeur seuil de GAJ retenue pour poser le diagnostic. Ainsi, seuls 21 % affirmaient l’existence d’un DG pour une GAJ > 0,92 et la moitié demandait une HGPO au second trimestre en cas de GAJ initiale anormale. « Comme s’ils avaient besoin de vérifier la réalité du diagnostic », analyse la Pr Cailliez. Ce pourcentage était encore plus élevé dans le sous-groupe des 120 médecins connaissant bien la reco.
Perplexité Plus qu’une méconnaissance du texte, ces pratiques témoignent donc d’une certaine perplexité des généralistes face au nouveau seuil de 0,92, jugé trop sévère. Avec à la clef « un sentiment de dépistage excessif et d’utilité incertaine ». Ce d’autant que les études montrant un bénéfice modéré du dépistage ont été faites avec des seuils de GAJ plus élevés que 0,92 et des HGPO réalisées au 2nd trimestre.
À l’inverse, certains craignent de méconnaître un diabète gestationnel en l’absence de facteurs de risque officiels. La profession pointe aussi des difficultés pratiques avec, par exemple, un flou sur les modalités de la réalisation de la glycémie à jeun. L’impact du dépistage sur la qualité de vie des femmes pose aussi question, de même que son retentissement sur la relation mère-enfant. La disparité des stratégies et des seuils proposés selon les pays renforcent les interrogations. Dans ce contexte, « difficile de valider la reco en l’état », conclut le Pr Caillez, qui appelle à réaliser d’autres études.
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