Pianissimo plutôt que forte ? Cette année, plusieurs sessions du congrès ont amené à s’interroger sur les écueils du « toujours plus » en médecine et la nécessité de ralentir sur certaines prises en charge. Une réflexion indispensable estime le Pr Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale, « qui répond à de nombreux enjeux, à la fois d’amélioration de nos prescriptions mais aussi d’adhésion du patient à sa prise en charge, de soutenabilité financière du système ou encore de santé planétaire ».
À ce titre, une session plénière dédiée à l’écoprescription a souligné que si le coût écologique des prescriptions peut être réduit en privilégiant des produits à moindre impact (comme les inhalateurs à poudre sèche plutôt que les flacons à gaz pressurisé pour les traitements inhalés), un levier essentiel reste la juste prescription… voire la déprescription.
Déprescription, un patient moteur en vaut deux
IPP, benzodiazépines, antidiabétiques, etc. plusieurs études se sont d’ailleurs intéressées à la déprescription et à sa mise en œuvre sur le terrain. S’il n’existe pas de méthode infaillible, un travail présenté par le Dr Jérôme Nguyen (médecin généraliste à Pornic et chef de clinique), suggère que l’implication active des patients pourrait être un levier clé. Alors qu'environ 30 à 70 % des prescriptions d'IPP seraient inappropriées, cet essai a comparé une intervention ciblée uniquement sur le médecin traitant (envoi d’un courrier avec algorithme de déprescription) à une intervention multifacette associant à la fois sensibilisation du praticien et sollicitation du patient par courrier. Les résultats montrent que l’implication directe du patient apporte un bénéfice additionnel et permet d’atteindre un taux de déprescription deux fois plus important que la seule sensibilisation du médecin traitant (15 % vs 7 %).
Le surdiagnostic, une notion qui se démocratise
Au-delà de la déprescription, le congrès s’est intéressé plus largement à la prévention quaternaire, ou comment protéger le patient ou la population de la surmédicalisation. Lors d’un workshop, la question du surdiagnostic a notamment été posée. Si le sujet n’est pas nouveau en médecine générale, la notion semble s’être démocratisée récemment tant au niveau du grand public que parmi les médecins. « On est désormais mieux outillés pour en discuter avec plus de données scientifiques sur le sujet », se félicite le Pr Frappé. Une étude menée par la Dr Veerle Piessens (Belgique) suggère toutefois que les professionnels de santé attribuent au surdiagnostic des niveaux de préjudice très différents, en fonction de leurs convictions personnelles sur les avantages du dépistage.
Enfin, de façon plus inattendue, une plénière sur le diabète de type 2 a questionné l’impact de la multiplication des antidiabétiques sur la décision médicale partagée. « Plus il y a de possibilités, plus il y a d’informations à délivrer. Or la décision partagée c’est avant tout prendre le temps de savoir quel niveau d’implication le patient veut avoir et jusqu’à quel niveau de granulométrie dans l’information il veut, ou non, aller », rappelle le Pr Frappé.
À terme, « peut-être que l’IA pourra nous aider sur tous ces sujets-là », espère le Pr Frappé, avec par exemple des outils qui permettront de cibler les priorités…
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